Horta

8 mai

Position à 9:00 hTU le 8 mai : 38°31.81’N 28°37.55’W
Vent 3 kt, amarrés au ponton dans la marina de Horta.
1013 hPa

L’alternateur est réparé, tout fonctionne parfaitement à nouveau. C’était bien le régulateur de tension de l’altenateur qui était defectueux. Mais voilà, l’alternateur neuf en réserve dans les pièces détachées (acheté à Cherbourg sur conseil du fournisseur avant de partir) n’était en fait pas un modèle Volvo, si bien que les entretoises en nylon (indispensables pour isoler l’alternateur de tout contact métallique avec le bateau car il est en aluminium, et qu’une electrolyse ferait fondre rapidement les anodes et créer une voie d’eau..) ne rentraient pas dans les trois pattes de fixation. Que faire ? Faire venir un alternateur volvo neuf de France, c’est 600€ plus le transport plus le délai de 1 semaine au moins. Chez « Mid Atlantic » près de la place de Horta, il n’y a pas les pièces, mais il y a le savoir-faire et la gentillesse légendaire des îliens: C’est Juan qui a pris l’affaire en main, il explique: l’interieur de l’alternateur ce n’est pas du Volvo, c’est du Mitsubishi: il suffit de garder la coque de l’ancien et de mettre dedans le solenoïde et le régulateur du neuf !
Par la magie des doigts agiles et des gestes précis qui semblent avoir fait ça depuis toujours, en deux heures voilà un alternateur au top, et encore une heure de boulot pour l’installer dans le moteur en soignant les connections: Aux premiers essais ça remarche parfaitement. Total de la facture: 39€, on n’en croit pas nos yeux, explication de Juan: d’habitude je mets une demi heure, alors je facture une demi heure!

9 mai

position inchangee a Horta

des bateaux continuent d’arriver tous les jours à Horta. Le patron du café des sports, « chez Peter », le réparateur Mid Atlantic Yacht Services, et même la capitainerie du port ont oeuvré tant qu’ils ont pu pour trouver une solution d’accueil pour les voiliers de passage, alors que les autorités portuaires avaient reçu du gouvernement portuguais l’ordre de les repousser pour éviter la contagion. Inconcevable pour un peuple de marins par nature hospitalier. Ils savent très bien à quel point les bateaux qui traversent l’Atlantique depuis les Caraibes ou plus loin ont besoin de leurs services après au moins 3 semaines en mer, et savent aussi que si un petit équipage est parti indemme de covid, et qu’il l’est resté, il arrive sain apres des délais pareils. Ils ont d’abord accueilli les voiliers en allant les voir en tenue de cosmonaute afin de répondre à leurs besoins de réparation ou d’avitaillement, puis ils ont réussi à infléchir la décision gouvernementale en mettant en place la procédure d’accueil encore en usage : les équipages doivent d’abord jeter l’ancre et rester à bord le temps d’être acheminés vers la gare des ferry qui sert de lieu de prelevement, les echantillons sont analysés gratuitement dans la soirée, et les résultats conditionnent l’attribution d’une place aux abris. Les équipages sont accueillis par VHF en francais, en anglais, en espagnol ou en italien…
C’est ainsi que les arrivées se succèdent, et que le port retrouve une acitivité quasi normale avec les petites unités , même si les grands bateaux et les croisièristes passent leurs chemins. Radio ponton fonctionne a plein tube. Cette attitude généreuse et intelligente est loin d’être la règle générale, et nombre d’équipages se sont tirés d’affaire en modifiant leur projet et en naviguant sur de longues distances pour éviter les zones critiques. Ainsi, Orionde, rencontrée en novembre 2019 à Puerto Montt, est remonté d’Antartique, puis de Puerto Williams d’une traite en 53 jours, sans passer par l’Argentine ou le Brésil. Un schooner en métal de 1910 était là à quai pour refaire son avitaillement, avec une cargaison de 30 tonnes de cacao, de cafe et de rhums en provenance des Antilles ou de Colombie, à destination de la France, la Belgique, et la Hollande. Lennan Head, un vieux greement de 1909 basé a Locmariaquer est arrivé de la Martinique hier…

Le Café des Sports est un site incontournable de Horta. Décoré de fanions, drapeaux, petits objets accumulés depuis son ouverture en 1918, il offre un accueil chaleureux pour boire et manger, même s’il a du supprimer la moitié de ses tables. Au premier étage, un remarquable musée de Scrimshaw, l’art de graver des dents de cachalots, activité d’origine du fondateur de l’établissement. On peut toujours en acheter, elles sont gravées à partir d’un stock accumulé du temps ou la chasse au cachalot était la principale source de revenus des Acores

On entend aussi des histoires lamentables de bateau confisqué en Australie, équipage emprisonné et renvoyé en Europe par avion avec interdiction de revenir, au motif qu’après une longue traversée ils avaient osé entrer dans le port, ou celle d’un bateau contraint de rester à l’ancre par 25 m de fond pendant 70 jours  aux Maldives, en provenance du Sri LanKa ou il avait interdiction de retourner. Les gardes côtes lui ont fait des manoeuvres d’intimidation pour le contraindre à repartir, alors qu’il ne pouvait rien faire d’autre que se mettre à la cape, puis finalement le laisser à l’ancre avec ravitaillement occasionnel, le temps que sa situation se dénoue. 

La chance était pour nous dans les pays traversés, merci au Bélize d’avoir fait minne de nous ignorer, alors qu’ils ont des prisons pretes a bondir, qu’ils utilisent pourtant volontiers pour les équipages qui bravent ouvertement l’interdiction d’entrer en quittant leur bord, merci encore a la generosite d’accueil de Cozumel (même s’ils ont piqué nos superbes légumes guatemalteques), merci aux Cubains, qui nous ont accueillis malgré leur misère, merci aux autorités compétentes des Bahamas qui ont pu se laisser convaincre d’aménager un peu leurs procédures pour nous ouvrir leurs frontières bien que nos tests PCR ne portent pas de ZIP code… 

quelques images

le schooner Galland, cargo à voile, transporte du cacao, du café et du rhum
une bigoudaine attablée chez Peter
chez Peter : des tables espacées pour cause sanitaire mais toujours un bon accueil
un dessin sur le quai pour commémorer notre séjour et s’attirer les bonnes grâces d’Eole et Neptune
vue de la marina
vue du cratère du volcan situé au centre de Faial

1 réflexion sur « Horta »

  1. chapeau! Chapeau bas!
    Je continue d’être épaté par toutes ces connaissances technologiques nécessaires (bien sûr en plus de celles maritimes) pour faire avancer « la machine » et arriver à bon port.

    J’aime

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