L’Antarctique

21 janvier : En attente de traversée du Grand Méchant Drake

Position : 64°18′ S, 62°54′ W, Vent NW 14 kt, 988 hPa, temps couvert.

Emmanuel :  » Nous sommes toujours bien abrités au mouillage dans une anse de la baie d’Andersen sur les îles Melchior, dans l’attente de la bonne fenêtre pour traverser.

Orsenna.png

Mais patience, parfois, ça se calme un peu….

photos Daniel

Melchior 3

falaise de glace

photos Emmanuel : Laureline au mouillage dans les îles Melchior

20 janvier : en stand-by aux îles Melchior

Position : 64°18′ S, 62°54′ W20janviercarburant

Emmanuel : « Nous regardons de près une possibilité de traversée du Drake à partir de lundi à 10 h, (13 h UTC) sous réserve d’un vent praticable à l’arrivée 4 jours plus tard au Cap Horn.

19 janvier : un monde fou dans la baie d’Andersen

Position : 64°18′ S, 62°54′ W, 980 hPa, vent nul

Emmanuel : « Nous sommes toujours ancrés à l’abri avec 4 amarres à terre dans une crique de la baie d’Andersen sur les îles Melchior, dans l’attente d’une fenêtre météo praticable pour la traversée du Drake passage. Deux autres voiliers, un Hollandais et un Belge, le Jonathan et le Vaihiré sont à couple dans la crique d’à côté. Un paquebot, l’Ocean Atlantic de 140 m est arrivé ce matin dans la baie. Le temps est couvert, il neige. »

photos : Anaïs

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18 janvier : dans une crique entourée de falaises de glace

falaises reflets et glacesfalaises & reflets

Position : 64°18′ S, 62°54′ W, 992 hPa, vent 5 kt, mer belle, temps couvert et petites averses de neige.

Emmanuel : « Nous avons quitté notre amarrage au Governoren sur l’île Enterprise, puis sommes descendus vers le sud en longeant Nanson Island et Brooklyn island par le Plata passage et la Wilhemina bay habités par un groupe de baleines à bosse, que nous avons aperçues d’abord de loin, puis de tout près car elles sont sans crainte et assez joueuses: nous les avons vues sauter en entier hors de l’eau, battre leur nageoire dans l’eau pour se faire remarquer, puis venir vers nous, tout près, faire demi tour, revenir, passer en-dessous du bateau que nous avions stoppé immobile. Ensuite pendant la traversée du Détroit de Gerlache, un vent d’Est s’est levé, de plus en plus fort, jusque plus de 40 kt, heureusement au portant, pendant 4 à 5 heures, faisant place ensuite à un retour complet au grand calme, sans doute un vent catabatique venu des glaciers.

Manu à la barre

Puis nous sommes passés entre l’île Brabant et l’île d’Anvers par le détroit de Schollaert, pour entrer dans la Dallman bay, très encombrée d’Iceberg tabulaires dépassant parfois les 500 m, d’icebergs usés plus anciens de toute taille, et de bourguignons entre lesquels il faut slalomer en permanence. Nous avons contourné par le nord l’île de Gand, afin de rejoindre les îles Melchior. Là nous sommes entrés dans un étroit couloir sinueux entre les falaises de glace, les falaises de rochers et les pentes de neige, qui nous a conduit à Anderson bay. Nous sommes mouillés dans une crique entourée de falaises de glace, bien abritée, par 12 m de fond, 50 m de chaîne, complété par 4 amarres de 100 m à terre que Daniel O et Pierre-Michel sont allés fixer aux rochers en dinghy.

djj26guindeau

Ainsi nous sommes en bonne position stratégique pour attendre la bonne fenêtre (disons la moins pire..) pour traverser le Drake passage. »

Iceberg tabulaire géant rencontré à quelques milles de l’île Melchior

iceberg tabulaire géant.jpeg

17 janvier  : bientôt le départ pour les îles Melchior

position inchangée : 64°32′ S, 61°59′ W,  998 hPa, vent 4 kt.

Emmanuel : « Nous allons écourter notre périple de façon à aller se mettre en stand-by à l’île Melchior dès aujourd’hui. La durée de traversée pour arriver au cap Horn avec notre bateau est de 4 jours, plus 1 jour pour arriver à Puerto Williams. La météo actuelle n’est pas encore idéale, nous attendrons la météo favorable.

anais & voile

Hier nous avons fini les travaux de couture du Yankee. Il faisait beau, nous sommes allés, Pierre-Michel, Anaïs et moi nous promener en dinghy pour aller voir les restes échoués de barques de baleinier ….

…. et une colonie de cormorans antarctiques à ventre blanc.

Sur le chemin du retour, une baleine à bosse est venue tout près et même un peu trop près, sans doute par curiosité, sans crainte ni agressivité, son souffle sonore dans les basses nous a surpris, nous n’en menions pas large sur notre petite embarcation, puis elle est partie plonger plus loin. »

16 janvier  : amarrés au Governoren sur Enterprise Island

mouillage paysagemouillage

governorengovernoren2

Emmanuel : « Aujourd’hui, soleil et ciel bleu ! Les montagnes enneigées qui nous entourent et le bleu profond des glaces fossiles renvoient sur une mer parfaitement calme une lumière divine.

pelagic australislaureline & governoren

D’après le voilier Charter Pelagic Australis qui est venu hier soir s’amarrer à couple de Laureline, le détroit de Lemaire est obstrué par la glace, il est infranchissable. Nous pourrions le contourner pour descendre à Port Charcot, Pleneau, Peterman , et Vernadski, hauts lieux de la visite en Antarctique. Port Charcot est l’endroit où a hiverné Jean-Baptiste Charcot avec « Le Français » en 1904. Nous allons cependant à contre-coeur écourter le périple, de façon à ne pas s’exposer à de nouveaux ennuis techniques, et à se situer en attente à Melchior pour choisir la bonne fenêtre de traversée retour du Drake Passage.

Position inchangée : 64°32′ S, 61°59′ W amarrés au Governoren sur Enterprise Island.
Nous finissons les travaux de couture entrepris depuis hier matin sur la bande anti-UV du Yankee. »

15 janvier : l’île Enterprise

64°32’414 S, 61°59,905′ W

Emmanuel : « Bien abrités dans un port naturel du détroit de Gerlache, sur l’île Enterprise, nous sommes amarrés le long de l’épave du baleinier Governoren. Tout l’arrière a coulé, c’est la proue toute rouillée qui se dresse au dessus de la surface, elle abrite une colonie de sternes antarctiques qui défendent à grands cris leur territoire.

sterne eventailsterne & fenetre

A l’examen du Yankee que nous avons descendu sur le pont, la déchirure concerne exclusivement la bande anti UV, la toile en dacron elle-même est intacte, elle pourra conserver sa fonction. Le travail reste néanmoins assez important, sur une hauteur d’environ trois mètres: Il faut refaire des videlles au fil à voile dans les trous existants, et du collage à l’insigna sur la bande anti UV, en préparant la toile par nettoyage à l’eau douce puis à l’alcool.

Autre souci, le guindeau (Lewmar V2 ou V3) donne des signes de faiblesse, le barbotin ne tourne plus parfaitement rond, et le moteur s’arrête dès que l’effort devient plus important, cela peut entraîner des difficultés sérieuses dans les canaux de Patagonie. Je vais questionner à ce sujet le SAV Alubat. Je crains qu’il faille changer le guindeau, auquel cas je ne vois pas d’autre solution que de demander à quelqu’un de venir l’apporter en bagage en soute, (ça pèse 12 kg) car même par DHL, les délais de douanes sont imprévisibles. Je te mets en copie afin de suivre les discussions et d’éventuellement coordonner les opérations. »

14 janvier : colonie de manchots papous

Position 63°54S 60°47W hPa 992 Vent 7 kts

photos Emmanuel : papous

papougrosplanpapou2papou

Emmanuel : « Je dois rouvrir l’Iridium pour descendre les fichiers grib du jour, et j’en profite d’ajouter un petit mot à celui d’Anaïs. 

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L’île d’Hainaut, sur laquelle nous avons débarqué en dinghy en 2 équipes, est habitée par une importante colonie de manchots papous, occupés à nourrir leurs poussins, souvent deux, les uns tous petits, les autres déjà grands, ou encore à ce promener en se dandinant, à jouer au toboggan, ou aller se baigner sur la plage. De gros skuas guettent un moment d’inattention des parents pour voler un petit.

photo Emmanuel : Skua attaqué par un sterne antarctique pour s’être approché trop près de ses petits

sterneantarctique26skua

L’île abrite une colonie d’oiseaux blancs, les chionis, qui se nourrissent de krill régurgité par les manchots, de guano, et du mucus s’écoulant du nez des phoques . Nous n’avons pas le droit de les approcher, mais ils sont venus à 6 sur le bateau ce matin, sans doute pour voir si nous avions la goutte au nez !. De l’autre côté de l’île, les phoques de Wedell d’une masse imposante, roupillaient peinard dans la neige, accompagnés d’un pétrel blanc imposant et de très grande envergure, peut être le fulmar antarctique. »

les membrures d’une baleinière pointent au travers de la neige

baleiniere

photo Emmanuel : phoques de Wedell

Anaïs : « Bien qu’à l’ancre, nous effectuons des quarts de surveillance depuis notre arrivée à Trinity. Bien nous en a pris : Pierre-Michel a constaté une augmentation de la hauteur d’eau à la sonde de plus de dix mètres. Signe de dérapage évident. Heureusement, nous avons relevé l’ancre et trouvé un nouvel emplacement assez rapidement. Nous sommes tout près de la petite Île d’Hainaut qui abrite la colonie de manchots papous.

Colonie de manchots papous et pétrel géant  : 2 mètres d’envergure. Un chioni, s’invite parmi les papous

papou & chiaoni 2papou & chiaonipapous

Nous en repartirons vers 8 heures ce matin pour rallier Enterprise. La traversée devrait durer une dizaine d’heures. Vent debout, on sera contraint d’avancer au moteur.

photo Emmanuel : Ecran radar, surveillé nuit et jour au mouillage

surveillanceradar

Côté mécanique, on a réglé le souci de carburation. Préfiltre et filtre gasoil ont été changés. Notre dernier rotor est toujours intact mais on a encore une belle collection de débris des précédents. Côté voile, on verra en fin d’après-midi si le vent le permet. On a tout de même réussi à effectuer deux courtes sorties à terres. Photos à gogo sous un beau soleil.

Merci pour tous les sms reçus hier. »

13 janvier :  bien arrivés à Trinity Island

Position : 63°54’S 60°47’W,  hPa : 988, Vent nul

Anaïs : « La trajectoire pour y parvenir a demandé beaucoup de vigilance avec l’œil rivé à l’horizon : neige, brume, icebergs et bourguignons. Parvenus à mouiller vers 5 heures ce matin après plusieurs tentatives infructueuses : les fonds remontent ou plongent à des distances très courtes. Une petite île au milieu de la baie abrite une colonie de manchots papous.

photo Emmanuel : petit matin brumeux

trinitybrumeuxtrinity

Côté fonctionnement : malgré la belle collection de morceaux de rotor, le bocal Vetus continue à se vider. Heureusement on peut quand même utiliser le moteur: une aubaine car nous n’avons eu que très peu de vent sur la route !

Une difficulté supplémentaire : la carburation se fait mal, impossible de monter dans les tours. Pour l’heure, on commence par des prélèvements dans les réservoirs pour rechercher la présence d’eau et de filaments de bactéries.

Autre bémol : le yankee donne de gros signes de fatigue sur une grande longueur au niveau du nerf de chute. On espère qu’il n’y aura que de la couture à réaliser mais ce n’est pas gagné.

La suite au prochain numéro… »

12 janvier : le plan d’eau de Whalers’bay est balayé par les dernières rafales

Emmanuel :  « Le vent de NE s’atténue, le mouillage a bien tenu, il neige quelques flocons, le plan d’eau est balayé par les dernières rafales, les installations baleinières à demi cachées par la brume, la plage est blanche, les falaises abruptes de basalte noir et la fenêtre de Neptune déchiquetée sont décorées de neige, le dinghy est à l’eau, nous débarquons en deux équipes, bien couverts, la première est partie, en liaison VHF avec le bateau.

photo Emmanuel : Laureline au mouillage dans whalers bay

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photo Emmanuel : nous débarquons en deux équipes

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« Nous avons visité les restes de la station baleinière ou a travaillé Francisco Coloane »

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photo Emmanuel : la fenêtre de Neptune

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photo Emmanuel : petits papous

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De retour de l’excursion à terre, nous levons l’ancre, pour descendre le Bransfield strait, en direction de l’île de la Trinité. Position inchangée dans Whalers’bay. »

photos Daniel : Deception Island, sa plage et ses baigneurs alanguis

plage a Deception

11 janvier : à Port Foster, coincés à bord par le mauvais temps

Emmanuel :  » Nous sommes toujours à l’ancre dans la caldeira de l’île Déception par 40-45 kt de vent du NE.

photo Daniel

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Notre surveillance constante 24/24 de la profondeur, la latitude au 1/1000 et la distance radar de la falaise en mètres sont stables avec 100 m de chaîne par fond de 6m au départ et 30 sous le bateau. Ce n’est pas l’idéal, mais  il faut que notre mouillage tienne jusqu’à demain, après 36 h nous sommes assez confiants, nous pourrons bouger vers le sud ensuite.

Nous ne pouvons pas partir de nuit, mais heureusement les nuits sont courtes*, car d’énormes icebergs tabulaires de 200 m à 1 km de long se baladent enveloppés de brume. Nous ne pouvons pas non plus aller à terre en dinghy ( car il s’envolerait !) pour aller visiter les ruines de la station baleinière Norvégienne où a travaillé Francisco Coloane, nous ne pouvons pour le moment que la regarder de loin : petite déception à l’île de la Déception ! »

tabulaire2

ndlr* : sachant que le cercle polaire est à la latitude 66° 33′ 47 » S et qu’ils sont quasiment à 64° S, ils n’en sont plus qu’à environ 140 miles, soit environ 260 Km : de quoi avoir des journées longues en effet

10 janvier : c’est réparé!

message reçu le 11 janvier à 3H24, heure de Paris

Emmanuel  : « Nous voudrions que tu remercies les personnes que tu as contactées, et les lecteurs du blog qui nous ont orienté par leurs connaissances et leurs conseils pour réparer le circuit de refroidissement.

Après trois ruptures successives de rotor, le niveau d’eau de mer dans le bocal vétus diminuait dangereusement, avec risque de désamorçage qui aurait entrainé la perte de notre dernier rotor.

Arrivés dans la caldeira de l’île de la déception, nous avons d’abord dormi 8 heures, un peu fatigués par la traversée du Drake, puis nous avons commencé par l’hypothèse d’un encombrement du nid d’abeille dans l’échangeur.

L’entrée dans whalers bay

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Comme il est impossible de le démonter sans sortir le moteur, nous avons démonté les durites afin d’envoyer, à contre courant, de l’eau de mer dans le nid d’abeille à l’aide de nos pompes de cale .

Et là, nous avons d’abord découvert un amoncellement de morceaux de rotor qui faisaient bouchon à l’entrée de l’échangeur. A l’aide d’une pince à épiler, nous avons retiré 54 morceaux assez gros. Puis nous avons complété en injectant à contre courant dans l’inverseur, par la pompe de cale, un seau de 20 litres d’eau de mer, qui nous a permis de récupérer encore une bonne poignée de petits morceaux que nous avons sans doute décrochés du nid d’abeille.

Après remontage des durites, et réamorçage du circuit, nous avons démarré le moteur, et laissé tourner 20 minutes, tout semble fonctionner normalement, le niveau dans le bocal vétus demeure à son maximum, le risque de désamorçage semble être écarté. Nous pensons avoir trouvé la cause de nos soucis, et nous pensons avoir réparé la panne.

Pour réaliser cette réparation, nous avons étés contraints de rester au mouillage à l’île de la Déception, malgré l’alarme météo de Marcel Oliver (vent NE 45 kt). Ce n’est pas l’idéal. L’endroit pas si bien abrité, le fond vite abrupt, est fait de scories sur lesquelles l’ancre ne tient pas bien, mais nous n’avons pas le choix. Nous avons choisi le fond le plus plat, posé 100 m de chaîne par 10 m puis 20m de fond, et prévu un quart mouillage, où l’on relève chacun son tour 24h/24 au radar l’emplacement exact du bateau. En cas de dérapage, branle bas le combat, on relève l’ancre et on mouille plus loin.

Merci encore à ceux qui nous ont aidés, Didier Lourdais, Nicolas Lemière, Dominique Richard, Connan et pour toutes les infos par SMS. »

Tempête sur les îles Shetland du Sud, ce 11 janvier 19 – Carte Earthnullschool

11 janvier 19

10 janvier : arrivée à l’Île de la Déception

Position le 10 janvier à 16h UTC : 62° 59′ S, 60° 33′ W, 990 hPa, ventb26 kts N, ancré .

Anaïs : « Pardon de ce retard à donner notre position. En fait à notre arrivée, on s’est écroulé sur nos couchettes… et on vient de se réveiller.
Le finish dans le canal de Drake pour l’Île de la Déception n’a pas été difficile mais nous a contraint à fonctionner en binôme pour les quarts. Un au remplissage du bocal Vetus d’eau de mer et l’autre au démarrage / arrêt du moteur. Il faisait frisquet.

mouillage

Icebergs et bourguignons à l’horizon. Bon, on est bien content d’être à destination. On est ancré dans une caldeira (cratère du volcan). Déception est une île volcanique de la péninsule Antarctique. La dernière éruption a eu lieu en 1976. Il neige. On raconte la suite bientôt. Pour l’heure, c’est oeufs au bacon….

iceberg et bourguignons

tabulaire3

10 janvier vetus.png

9 janvier 21 H UTC : compte rendu des opérations

Merci pour toutes les indications envoyées par SMS.
9janvier CR.png

9 janvier : iceberg tabulaire et sérieux problème moteur

position : 62°06 S, 62°38′ W, vent W 16 kt, GV 1R + yankee, au près bon plein, ETA île de la Déception 2h le 10.

« Nous avons croisé ce matin un iceberg tabulaire très grand, d’environ 1 km à 60 milles des Shetland.

tabulaire

Mais nous avons un problème sérieux de moteur, il nous faudrait l’avis d’un dieseliste volvo D2 55 cv »

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questions

ndlr : j’ai bien sûr contacté immédiatement Didier et le dieseliste de Cherbourg dont les réponses sont fébrilement attendues

IL NE NOUS RESTE PLUS QU’UN SEUL ROTOR

8 janvier : nous sommes entrés dans l’Océan Austral.

Position le 8 janvier à 11h UTC : 60° 13′ S, 64° 22′ W, 1004 hPa, vent 13kts NW, mer peu agitée, moteur et GV 1 ris, vitesse 5,4 kts.

Daniel O :  « Ce matin (mardi 8), peu après la prise de mon quart de 10h30, 4 gros cétacés émergent tout près du babord arrière du bateau. Peu farouches, ils tournent prés de nous quelques instants sans pour autant jouer avec l’étrave comme des dauphins. On a pu observer leur corps très lisse, brun marbré de lignes plus claires. Ils ont une tête très arrondie et leur nageoire caudale bien nette située très en arrière est arquée et pointue.

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D’autre part, j’ai réussi à peu près à photographier deux oiseaux difficiles à saisir car petits et rapides et dont l’un nous accompagne déjà depuis les Malouines. Il s’agirait pour le premier du Pétrel tempête ( oceanis oceancus Arica-antartida, golondrinas de mar en Espagnol) et du Pétrel palona antartico, d’aspect gris de loin mais présentant de jolies striures brunes en chevron sur ses ailes, autour du cou et de sa tête. »

Anaïs : « Quart de 22h à minuit hier soir. Longue houle avec une mer belle à peine ridée. Sommes toujours accompagnés par les albatros et les petits pétrels noirs à queue avec tache blanche.

Le soleil a disparu derrière l’horizon vers 22h30 mais les reflets rougeoyants sur l’eau ont perduré jusqu’à minuit. Encore beaucoup de clarté donc pas encore entre chien et loup. Ce sera pour le quart de Daniel Opéra.

L’eau n’est plus qu’à 1° donc nous sommes bel et bien entrés dans l’Océan Austral.

Peu de vent et surtout vent debout pour suivre notre route. Nous avons légèrement augmenté le régime du moteur pour accélérer le mouvement et ainsi éviter le mauvais temps prévu ce jeudi 11. »

Emmanuel : « Cette nuit pour le quart de 4h, pas facile de s’extraire du duvet tout chaud, Brrr, il faisait 6° dans le bateau, depuis le passage du 60ème les conditions ont changé, nous sommes entrés dans l’Océan Austral.

Pour comprendre les vents les courants et la délimitation de l’Océan Austral, je cite Sylvain Mahuzier et Jean-Pierre Sylvestre :

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Pour nous, au plan pratique, les vents dominants ont changé, ils viendront de l’Est lors de la tempête prévue vendredi 11 janvier. Le mouillage dans la caldera (cratère de volcan rempli d’eau de mer) de l’île Déception ne va pas tenir au delà de 25 kt, car c’est un fond de lave et scories qui descend abrupt dès quelques m de la plage. Nous allons nous dépêcher de visiter pendant que le vent n’y est pas, puis nous en aller vers l’île Trinity. »

7 janvier: un mal de mer bien cogné

Position le 7 janvier à 12h UTC : 58°15′ S, 66°02′ W, 992 hPa, vent 10 kt NW, grande houle longue sans déferlantes, GV 1 ris et moteur, vitesse 6kt.

« Depuis le Cap Horn, le vent de SW à 30 kt au près bon plein dans une mer forte à très forte nous a écartés de la route vers l’est, et a accessoirement provoqué un mal de mer bien cogné ; puis quand il a refusé en s’atténuant, nous avons gagné vers l’ouest avec appui moteur, de façon à se trouver en position favorable en sortie de gradient les 9 et 10 janvier.

Pas facile en effet de s’y retrouver : les vents partent dans tous les sens!

7 1 22HUTC.png

Nous lisons donc avec beaucoup d’intérêt les infos que Marcel nous envoie sur la SOUTHERN PORTION OF DRAKE AREA où nous espérons arriver le 10 janvier, et avant la baston prévue le vendredi 11.

Aujourd’hui et demain, nous progressons au centre de la dépression, dans un marais barométrique pratiquement sans vent, sous un beau soleil et quelques stratus, sur une grande houle peu agitée.

Le rotor de la pompe de refroidissement du moteur Volvo nous a lâchés, nous l’avons remplacé. »

6 janvier : mer forte dans le  Passage de Drake

Position le 6 janvier à 12h30 UTC : 56°42′ S, 66°40′ W, 982 hPa, vent 30 kt SW, mer forte, cap 112° au près bon plein, GV 3 ris trinquette. ETA île de la déception le 9 janvier.

 Positions reçues à ce jour positionnées grâce au logiciel Google Earth

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Emmanuel :  » Nous avons franchi le cap Horn cette nuit à 1 h du matin (heure locale), par 25 kt d’Ouest et mer forte. Le gardien du phare nous a appelé pour vérifier que tout allait bien, et nous a souhaité bonne route pour l’Antarctique.

albatros à sourcils noirs

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Plusieurs espèces d’oiseaux pélagiques accompagnent le bateau, nous avons la chance d’observer le wandering Albatros, de dimension franchement énorme. »

albatros géant

5 janvier : en route pour Deception Island

Il s’agira de traverser  vers l’île volcanique de la Déception, au sein de l’archipel des îles Shetland du Sud  par près de 63° Sud et 60° 39′ W. Le régime des vents, étudiés heure par heure pour les 4 ou 5 jours qui viennent, est extrêmement variable, la traversée ne sera pas univoque. La position du bateau me sera transmise une fois par jour, pour les autorités chiliennes et pour le blog.

carte earthnullschool du 5 janvier : vents prévus demain sur la route

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4 janvier : Punta Gusano

Emmanuel : Au Micalvi sont amarrés des voiliers de toutes nationalités habitués à la croisière hauturière. On y retrouve des bateaux déjà rencontrés loin d’ici. En particulier Sir Ernst, le boréal d’Hervé, avec qui nous avions partagé les info météo au Spitzberg à Longyaerbeen en 2016. Il se prépare à aller en Géorgie du Sud. Il croise les infos météo obtenues des logiciels Européens, Américains et Néozélandais : les modèles mathématiques étant différents, les données se recoupent en général, mais ce n’est pas toujours la même chose en timing et en intensité.

Le départ est toujours prévu pour demain. L’idéal étant de pouvoir être solidement ancré le 10, quand un gros coup de vent est censé arriver sur la péninsule antarctique

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La balade hier à Punta Gusano nous a permis de rencontrer sur un territoire relativement petit, une variété hallucinante d’oiseaux de toutes sortes : une assez grande colonie de manchots papous, une autre de goélands en cours de nidification, plusieurs variétés d’huitriers pie, des pétrels géants, des canards vapeurs, les ouettes de Magellan, des hérons, des canards aux yeux rouges, des ibis bruyantes dont les appels ressemblent à la poire de klaxon des voitures des années 1900, des vanneaux, des oiseaux inconnus colorés rouges ou jaune de petite taille, sans compter les perroquets et les pic épêche en forêt. Daniel O a réussi quelques belles photos que nous essaieront d’envoyer pour le blog.

Photos Emmanuel  : oie et sa progéniture;

photos Emmanuel : huitrier pie

photos Emmanuel : canatds vapeurs

canards vapeurs

photos Emmanuel : goélands marins

photos Emmanuel : sternes

sternes

mouette

3 janvier  : Cerro Bandera

Emmanuel    » Un peu de randonnée fait du bien entre les navigations : hier nous avons grimpé le Cerro Bandera sur un chemin balisé qui sinue entre les cohiués et les charmes. Les troncs sont par endroit envahis par un ver, le gusano, dont raffole un pic épêche aussi rare que magnifique, à tête rouge, le carpintero negro o gigantico. Daniel O a réussi à le photographier lors de l’excursion à Harberton.

DD2

Les vues sur le Canal de Beagle, les montagnes Alpines de l’Argentine, et les dents de Navarino sont à couper le souffle. En haut, nous avons eu droit à une petite tempête de neige. »

photos Emmanuel 2017 : le chemin du Cerro Bandera

beagle de haut
dessin Hélène 2017

1 janvier : Préparation Cap Horn et Drake passage

 position: 54°56′ S, 67°37′ W, 1008 hPa
« Une fenêtre entre deux dépressions semble se préciser pour la fin de la semaine. En attendant, on s’active pour préparer le bateau dans le moindre détail. »

Photos Emmanuel décembre 2017

chevaux à Puerto williams.JPG

Hôtel ; ibis

1 janvier : Puerto Williams

54°56’S, 67°37’W, 998 hPa

Emmanuel  : « Il s’agit maintenant de choisir la bonne fenêtre pour traverser le « Drake passage ». Le moment venu, nous allons nous approcher du cap Horn. Nous nous pensons aller nous mettre au mouillage, en attente, dans la caleta Martial sur l’île Herschel, le 4 ou le 5 janvier. Pour choisir la bonne fenêtre, et se faufiler entre deux dépressions, nous examinons la météo à la loupe. »

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navarino
photo Hélène décembre 2017 : les dents de Navarino

prévisions earthnull school pour le 5 janvier 2019

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31 décembre : Puerto Williams

Amarres larguées peu avant 14 heures, heure locale, pour une vingtaine de miles à parcourir, l’affaire d’un peu plus de 3 heures avant de s’amarrer auprès du mythique Micalvi à Puerto Williams, sous les Dents de Navarino. A temps pour aller réveillonner avec les autres équipages, toutes nationalités mêlées,  dans le bar du Micalvi!

Micalvi2.jpeg

Micalvi
Le Micalvi, cargo devenu ponton
Biere
Bière Austral, l’étiquette représente Torres del Paine

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photo Hélène en décembre 2017 : L’arrivée sur la marina de Puerto Williams

ponton micalvi photo Emmanuel 2017 : aigle caracara à Puerto Williams caracara 2018

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