La « Laureline » reprend son voyage avec l’arrivée du printemps austral, entre Pacifique et cordillère des Andes.
Première étape : en novembre, réveiller le bateau de son long sommeil d’hiver à Puerto Montt et l’emmener faire un tour dans le Golfe de Corcovado.
Ensuite: en l’espace de 4 mois, naviguer vers le Canal du Panama et le Guatemala en passant par l’île de Robinson Crusoé, Valparaiso, Arica, Iquique au Chili, et Puerto Bolivar en Equateur. D’autres étapes seront envisagées au grès du voyage.
Soit 4900 miles nautiques, largement plus que la traversée de l’Atlantique.
Equipages 2019- 2020
automne (février à mars) : La Laureline a voyagé en remontant les canaux de Patagonie de Puerto Williams à Puerto Montt, avec un équipage de 3 hommes :
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Manu (en rouge), Marc (au premier plan), Arnaud … et la Laureline dans les canaux de Patagonie, été austral 2019.
Printemps et été austral 2020 : L’équipage de novembre 2019 qui vient la rejoindre à Puerto Montt comprend encore Marc et Manu, ainsi que Claude et Hélène. En décembre, Marc et Claude s’en vont, remplacés par Gwen et Serge pour la suite du voyage.
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Claude par vent arrière et jolie brise en mer d’Irlande en 2015 ; Hélène et son mentor Anaïs, qui n’a malheureusement pas pu venir cette fois-ci, Tory Island, 2017 ; Gwen à la barre dans les îles Anglo-Normandes ; Serge sur le pont de Chugach dans le Golfe de Corcovado en 2018
Les « Anges Gardiens » qui la suivent et assistent son équipage depuis la Terre : Marcel Oliver, notre routeur, et Laureline, marraine du bateau et agent spacio-temporel à ses heures, chargée entre autres de la tenue du blog.
Marcel Oliver est, entre autres, instructeur IYT (International Yacht Training) pour la formation de Master of Yacht que Gwen est en train de terminer, ce qui lui permettra de valider comme stage professionnel les 4 mois et 5000 miles sur la Laureline. Dans chaque port ou il sera possible de descendre, Gwen devra faire valider par un tampon son livre de bord d’équipier ou il consignera chaque information pertinente, et devra occuper le poste de Capitaine pendant 5 jours.
Le « rancho de nave » : Un premier article publié évoque l’inventaire à la Prévert des bagages qu’il faut emmener afin d’assurer la maintenance du bateau à Puerto Montt, avant de le lancer dans le Pacifique. Pour acheminer tous les éléments d’accastillage nécessaires, il faut pouvoir produire une facture qui en justifie l’usage auprès des douaniers Chiliens, en tant que « rancho de nave » (accastillage en français).
les cartes et mouillages sur tout le parcours du Pérou à Panama
Autre difficulté inhabituelle : les cartes et mouillages sont peu renseignés sur tout le parcours du Pérou à Panama. En absence de « pilote côtier », un examen minutieux des côtes en utilisant les données Marine Traffic, les vues satellites à fort grossissement, les photos publiées sur google maps, et quelques informations fournies par internet, complètent nos logiciels de navigation pour donner une idée des mouillages. Pour l’île de Robinson Crusoé, ça donne ça:
Au Pérou, les images aperçues du ciel ne montrent que très rarement des voiliers mêlés aux bateaux de pêcheurs, les bateaux de plaisance restant manifestement rares. Et bon nombres de zones sont plutôt recherchées par les surfeurs, dont certaines offrent des vagues mythiques qu’il vaut mieux éviter en voilier : à Chicama Malabrigo, la plus longue vague gauche au monde côtoie un mouillage, à Pico Alto, au Sud de Callao, les surfeurs expérimentés recherchent en mai des grandes vagues qui peuvent atteindre les 10m et casser à 4m.
Dans un cahier artisanal, nous avons représentés par de petits dessins les mouillages possibles du sud au nord, dans le sens de la progression du bateau . Une seule et unique marina conçue pour des bateaux de plaisance a été identifiée sur toute la côte péruvienne, à Chorillos ou Barranco, près des quartiers chics du sud de Callao. Mais la « Lima Marina Club » s’avère être une marina privée qui n’accueille pas d’étrangers…. Le seul point d’arrivée possible à Lima est le « Yacht Club Perunao », une zone de mouillage réservée aux bateaux de plaisance, devant la Playa Cantolao. Elle est sécurisée par une patrouille en bateau moteur, qui peut aussi débarquer les équipages sur la jetée.

Le yacht club Peruano de Callao est jumelé avec celui de Paracas -Pisco, 160 miles plus au sud, qui semble néanmoins peu fréquenté par des plaisanciers
D’un point de vue purement marin, un certains nombres de mouillages possibles et même sympathiques sont identifiables. Et ces informations seront précieuses si d’aventure nous devons nous arrêter pour une urgence ou tout simplement pour une escale « technique », sans s’éloigner du bateau.
Mais, pour pouvoir débarquer pour une visite touristique, il faut au préalable passer par les formalités douanières qui s’avèrent difficilement surmontables quand on arrive par la mer. Grâce à Julia, une amie péruvienne qui habite en France, et à son père qui habite Piura et connait-un-pêcheur-qui-connait-un-douanier, il a été possible d’entrer personnellement en contact avec le chef responsable du Poste de Douane de Ilo, première ville d’importance quand on arrive du Chili. Lequel a précisé qu’il n’est pas autorisé à laisser débarquer un équipage étranger qui ne lui serait pas présenté par une agence spécialisée. Les premières agences contactées par téléphone et en espagnol (oups, la facture!) ont refusé de s’occuper d’un petit bateau comme la Laureline : elles concentrent leurs missions sur les gros bateaux, tankers et cargos, qui transitent devant leurs côtes. , et nous commençons à mieux comprendre la rareté des plaisanciers..! Pour les agences qui ont accepté d’étudier notre requête, il semble que le tarif appliqué soit le même pour un voilier ou pour un tanker… et après mûre reflexion, et plusieurs échanges téléphoniques ou par mail, c’est le silence radio.
Un article paru dans Sail en 2018 indique que le manager du yacht club Peruano de Callao, Jaime Ackerman, accepte le rôle d’agence pour les bateaux de plaisance, et s’accorde avec le yacht club Peruano de Paracas pour leur faciliter l’accès à un ravitaillement lors d’un arrêt technique. Nous avons compris de nos échanges téléphoniques avec des personnes de ces yacht club que ces bonnes dispositions semblaient toujours d’actualité. Mais que laisser là un bateau le temps d’une exploration touristique dans les terres n’était pas permis.
En Equateur : Grâce à un autre ami navigateur, il a été plus facile d’identifier en Équateur une agence qui nous ouvre les portes de la marina de San Lorenzo Salinas qui accepte de nous accueillir dans des conditions de relative sécurité, à La Libertad: moyennant quelques 4 ou 500 dollars, Yensenya Canante, pour le compte de Gerencia Libertad de Noe Shipping Agency, peut organiser un accueil de notre voilier, ce qui permettra peut être de visiter un peu ce pays, et de refaire le plein de fruits et légumes avant de reprendre la traversée vers Panama, sans s’arrêter en Colombie, dont la rive Pacifique semble peu sûre.
Les pirates des Caraïbes : Plus contrariant encore, la multiplicité des attaques de pirates dans les Caraïbes, en particulier dans l’Archipel de la Providencia qui se trouve près des côtes du Nicaragua et du Honduras mais appartient à la Colombie. Des pêcheurs y séjournent qui trouvent plus lucratif de dévaliser des bateaux que de lancer leurs filets. Une quinzaine d’attaques ont été recensées entre 2014 et 2019 par The carribbean safety and security Net. Presque tous les bateaux attaqués avaient fait un stop dans l’Île Providencia, sur l’une des « Cays » de l’Archipel ou sur l’île Roatan au Honduras, et avaient donc pu être repérés et suivis, malgré les précautions en usage dans le secteur : naviguer au moteur, pour éviter de signaler sa présence par les voiles, par une nuit sans lune, sans lumières de signalisation et AIS éteint.

Pas question donc d’y poser l’ancre pour faire un tour palmes masque tuba! Nous allons devoir allonger notre route en faisant un large détour évitant les zones de pêche de cet Archipel étendu. En sortant du canal de Panama, nous suivrons la route des cargos (en vert) ou des tankers (en rouge) qui remontent vers le golfe du Mexique en passant devant les îles Caïmans. Pourquoi ne pas s’arrêter dans ce territoire Britannique d’Outre Mer? avant de terminer le voyage en longeant les côtes de Belize vers le Guatemala

The carribbean safety and security Net rapporte toutes les dépositions dont ont eu connaissance ses animateurs; On comprend mieux pourquoi notre assureur refuse de nous assurer dans les Caraïbes….ce n’était pas qu’une question de cyclones!. A noter que des français ont échappé aux pirates en appelant le Cross du Gris Nez qui a alerté l’armée du Honduras… le Cross sera prévenu de notre présence dans ces parages, comme de toutes nos traversées : à chaque départ, la liste d’équipage, le point d’arrivée et l’ETA leur sont communiqués.