2020: Pérou

Revoir la préparation du voyage et des cartes ici: https://laurelineenmerblog.com/equipages/

8 janvier:

La vie quotidienne est rythmée par les quarts de 2 heures, mais aussi par
les repas pris ensemble dehors dans le cockpit, protégés du soleil sous le
bimini, par une gentille brise de 10 kt qui pousse La Laureline à 6 kt sous
Grand voile haute et gennacker. Au menu des bonites albacorre, facilement
pêchées avec un petit leurre en forme de poulpe, préparées en darne et
cuites à la poêle, ou cuites au citron et épices et servies crues. Une
baleine, des dauphins, des phoques, les oiseaux pélagiques et un paille en
queue ont complété le décors pour le moment parfaitement pacifique.

9 janvier:

Sous seulement 10 kt de vent portant du sud, la Laureline a sorti de sa
garde robe ce qu’elle avait de plus grand: le Spi de 130 m² et les 55 m² de
grand voile. Il ne manquait plus que les bonnettes et la civadière comme
autrefois.
La nuit s’est passée en slalom entre des pêcheurs furtifs, dont les feux ne
sont allumés à leur approche qu’au dernier moment et pour à peine quelques
instants, et entre de curieuses lumières scintillantes rouges et vertes qui
pourraient correspondre à de dangereux filets dérivants.

Position : 17°40′ S, 73°06′ W
Course : 319 °
Speed : 5,6 kt. vent 10 kt, grand largue sous GV haute et Spi

11 janvier au moteur

Le vent est tombé hier soir. Du temps de Darwin et Fitz Roy sur le Beagle, dans cette situation, le bateau dérivait, les voiles pendaient, il fallait attendre le retour de la brise. Sur La Laureline, pas de problème, le vaillant moteur volvo de 55 cv a été mis en marche, rien ne l’arrête.
A voir le nombre et la variété d’oiseaux, le courant de Humbolt doit être très poissonneux. Les albatros sont encore présents à cette latitude, pourtant très loin de leur lieu de nidification, de nouvelles variétés de pétrels se manifestent, y compris d’autres sortes de pétrels tempêtes (les fameuses hirondelles des mer) les pélicans volent par 12 à la queue leu-leu, les frégates et paille en queue ont fait leur apparition, les fous de bassans très nombreux pêchent en piqués infatigables, et d’autres variétés inconnues à identifier en comparant plus tard les photos sur les guides.


Le samedi 11 janvier 2020

Position : 14°12′ S, 76°20′ W
Course : 320 °
Speed : 5,6 kt. vent 6 kt, GV 3 ris et Moteur

Étoile: Iquique, Salinas. Cœurs: position journalières

12 janvier, Kronck-Kronck

La patrouille des pélicans : le cou rentré et le bec en avant bien dans l’axe de leur course, l’air sérieux, ils battent l’air de leurs ailes puissantes aux plumes foisonnantes. En formation serrée, l’un derrière l’autre, deux ou trois adultes en premier, suivis de deux trois juvéniles appliqués, puis en serre file encore quelques adultes, la patrouille des pélicans traine parfois dans son sillage quelques fous de bassans qui s’époumonnent à tire d’aile pour « chercher l’aspi » derrière ces immenses voilures.

Au large, où il avait fallu tirer un bord à 140° du vent de secteur Sud, la
température de l’eau est de 27°C. Sur le bord suivant qui ramène à la côte,
l’eau n’est plus qu’à 19°C, et elle est manifestement très poissonneuse :
Le courant de Humbolt s’approche ici de la côte et nourrit quantité
d’oiseaux. Les patrouilles de pélicans quadrillent la zone. Beaucoup moins
disciplinés, les fous de bassan délirants plongent en piqué.

Un cormoran a atteri sur le pont du bateau cette nuit et appelé ses compères d’un Kronck-Kronck guttural asssez proche du grognement d’un cochon… Devant Paracas, l’océan semble ici resté bien vivant, malgré le gazoduc qui traverse la baie pour remplir les méthaniers dans le port San Martin. Sur la colline, des artistes farfelus ont gravé, probablement au XIXème siècle, un pétroglyphe un peu bancal en forme de cactus candélabre dirigé vers l’océan. HG

Position : 13°45′ S, 76°18′ W
Course : 299 °
Speed : 5,8 kt. vent 4 kt, GV 2 ris et Moteur

Destination : Salinas, Ecuador,

ETA : Salinas, Samedi 18 janvier

Un cormoran fatigué se repose sur le pont. Il se grattait furieusement les plumes pour tenter d’enlever les puces ou tiques qu’il faisait tomber en pluie sur le pont

13 janvier au large de Lima

Les vents sont faibles, 15 kt sud pendant la journée, permettant d’avancer sous gennacker, jusque 2 heures du matin, obligeant a progresser au moteur pour le reste de la nuit. Cinq baleines ont accompagné le bateau au lever du soleil au large de Callao. Un bateau de pêche industriel long de 200 m se
dirigeait sur elles : le JIADE 15.

La température de l’eau est remontée à 23°C à 30 M des côtes, au gré de la progression du bateau au grand largue vers le Nord Nord Ouset. La côte reste masquée par les brumes, liées au contraste de température entre les terres chauffées par le soleil et la fraicheur du courant de Humbolt passant sur le plateau continental. Avec des eaux plus chaudes et de grands fonds, la visibilité au large est bonne.

Il n’y a plus ici de petites barques non éclairées sur l’eau, mais des bateaux de pêche de taille un peu plus conséquente, dotés d’un petit moteur
hors bord et éclairés par un unique phare blanc-jaune. En l’espace de 5 miles nautiques, ils évoluent par petits groupes de 4 ou 5 , dont l’un reste arimé à un objet flottant qui semble fabriqué avec un grossier filet de chanvre sur une armature carrée en surface : ancre flottante et peut être aussi nasse pour garder vivants les poissons, jusqu’à ce qu’ils soient collectés par un plus gros bateau solidement motorisé (mais toujours sans AIS), qui vient rejoindre la flotille en fin de journée et ramener les prises au marché aux premières heures du jour.

Position : 12°12′ S, 77°44′ W
Course : 335 °
Speed : 5,6 kt. vent 5 kt, GV 3 ris et Moteur

14 janvier, casse de drisse

Message de 14h:

Un vent régulier de Sud a permi d’établir le Spi pendant quelques heures l’après midi, descendu peu avant le coucher du soleil vers 18h30 : à cette heure, non seulement le vent baisse, mais surtout les bateaux collecteurs de poissons reviennent du large avec 3 rangées de phare allumés, pas de pin-pon mais le coeur y est. Ils se considèrent comme prioritaires, n’hésitant pas à couper la route d’un voilier sous spi. L’avoir expérimenté une fois incite à la prudence.

le moteur tourne et consomme tout doucement son carburant. La mer et le vent sont calmes le matin, et la température pas trop chaude sur les bidons de fuel : nous allons entreprendre le transvasement d’une partie de nos réserves sur le pont vers nos réservoirs pour aller jusque Salinas sans arrêt.

Message de 17h

Coucou
La drisse de spi a cassé. A cause de la poulie de moufflage et du départ de drisse en tête de mât, il faut monter pour réparer. Comme ça tangue pas mal, décision de détourner la route vers la côte pour effectuer la réparation au calme. Un petit vent du sud à 14 kt permet de bien avancer sous Yankee et GV haute par vent de travers. ETA côte 22h réparation demain matin.

15 janvier, réparation en cours

Démontage de la drisse et réparation en cours, encore deux ou trois heures de boulot et un dernier aller retour en tête de mât, et le bateau sera à nouveau prêt au départ dans l’après midi.

Destination : Salinas, Ecuador,

ETA : Salinas, Dimanche 19 janvier

Bateaux de pêche au lever du jour
Départ voiles hautes au petit matin, silence radio de part et d’autre

16 janvier, on est repartis

La baie de Chimbote s’ouvre dans la côte du Pérou comme une boutonière, dont l’ouverture est protégée par une série d’ilôts blanchis de guano. La nuit, le rivage est richement éclairé par la ville depuis une colline au nord jusque vers le milieu de la baie, face à l’entrée, là ou se situent les quais de débarquement des nombreux bateaux de pêche mouillés dans la baie. Les lumières permettent d’approcher doucement, les équipages de garde sur les chalutiers braquant leurs projecteurs sur le nouvel arrivant, mais sans réagir sur la VHF. Pas de réponse à notre appel assez peu insistatnt à l’arrivée nocturne. L’ancre a été posée un peu à l’écart de la silhouette des chalutiers, par 8 m de fond : le sol descend ici en pente douce depuis le rivage ce qui permet de présumer qu’il est de sable et de vase. Personne n’a réagi à la manoeuvre, alors que les échanges radio VHF sont restés très actifs entre les bateaux environnants et la capitainerie : matricule, nom du patron, numero de zarpe, autorisation demandée d’aller à quai ou de quitter le mouillage….Au matin, le reste de la baie, resté obscur la nuit, est apparu dans les brumes bleutées du petit jour : une vaste plage de sable jusqu’au sud de la baie, bordée tout du long par une végétation profuse et verdoyante, occupée par une importante compagnie de pélicans. Apparemment, toute la partie sud de la baie de Chimbotte est domaine reservé des oiseaux et des lions de mer.
Alors que la Laureline dodelinait sur son ancre, il a fallu grimper en tête de mat pour dégager la drisse de spi en laissant en place un messager, pour la réparer : une longue partie de la gaine avait glissé, laissant l’âme a nu ; progressivement, en glissant les mains gantées le long de la drisse démontée, la gaine a été remontée sur l’âme puis refixée par des épissures.
Au final, 55 m de longeur ont été récupérées, et la drisse remise en place, le bout réparé côté piano, prête à repartir avec une voile fixée sur la poulie de moufflage en tête de mât. Après une deuxième nuit de récupération, l’ancre a été levée, silence radio de part et d’autre, et le mouillage quitté voile haute aux premières heures du jour.

Position : 9°06′ S, 78°39′ W
Course : 300 °
Speed : 6,1 kt. vent 7 kt, GV haute et moteur

Destination : Salinas, Ecuador,

ETA : Salinas, Dimanche 19 janvier

Beaucoup de spi au large du Pérou

17 janvier (suite) et 18 janvier

17 janvier:

Las îlas de lobos afueras sont deux petites îles séparées par un chenal bordé de petites falaises où se cachait le flibustier Dampier au XVIIème siècle. De là il dévalisait les navires espagnols remplis d’or et d’argent volé aux Incas. Une île de légendes et de romans, loin de tout, c’est presque sur la route,un petit détour s’impose.

18 janvier:

William Dampier, cartographe, navigateur, flibustier pendant une longue partie de sa carrière avant de se voir confier le commandement d’un bateau de la navy anglaise, précise que l’île Lobos de afuera, en fait un ensemble de 2 îlots séparés par un mince chenal, convenait bien aux flibustiers pour caréner leurs bateaux tout en surveillant le traffic commercial entre Lima et Panama. Dans son livre « le grand voyage », écrit
fin XVII siècle, il décrit, à l’extrémité nord ouest de l’îlot Est, une petite plage de sable ou il est possible de tirer à sec le bateau pour lui
nettoyer la coque. A l’époque, les flibustiers se nourrissaient sur place de la chair et des oeufs des manchots qui y nichaient, et y sont toujours.
Le capitaine projetait donc de s’approcher doucement pour chercher cet endroit mythique et évenuellement même y jeter l’ancre… mais les cartes n’ont sans doute pas été révisées depuis que Dampier a décrit les lieux, et le système géodésique a beaucoup changé. D’après la carte actuelle, la Laureline est passée en haut des falaises…alors qu’en réalité elle est restée sagement au dela de la ligne des 30 m de fond, à observer de loin les remous caractéristiques de hauts fonds rocheux.
Grâce à la présence d’une balise AIS située sur l’île, mais cartographiée dans l’eau, il est possible d’estimer l’erreur de position sur la carte de ce groupe d’île à environ 1,15 MN vers l’est, et 0,5 MN vers le sud. Avis aux amateurs de carénage! pour la Laureline, ce sera plus tard.
Par 81° de longitude Ouest, sa route longeait cette nuit l’extrémité la plus à l’ouest du Pérou, où il y avait une circulation inhabituelle : bateaux de pêches, tankers, éclairages nocturne de plateformes off shore, le tout éclairé à partir de 1 heure du matin par le sourire de la lune, positionnée ici comme le sourire du chat de Alice au Pays des Merveilles.
Cassiopée est à l’envers et Orion couché sur le côté, la constellation de la Pléïade en haut à gauche du rectangle ainsi allongé comme une enveloppe.
La température de l’eau a sensiblement augmenté, atteignant les 23°C, les brumes auprès des côtes sont ici moins denses que plus au Sud du pays, mais le courant vers le Nord reste présent, tout en s’amenuisant à environ 0,8 noeud au large de Païta.

18 janvier:

Position : 5°00′ S, 81°32′ W
Course : 347 °
Speed : 5,0 kt. vent d’est 9 kt, GV haute et gennacker

Destination : Salinas, Ecuador,

ETA : Salinas, Dimanche 19 janvier

En rouge la trace de La Laureline. Rien ne l’arrête, même pas l’emplacement erroné de ilas de lobos de afuera.
La Laureline passe bien à l’écart de l’isla Lobos de la mer

18 janvier, dans les eaux de l Equateur

Les alizés réguliers de sud continuent de souffler, la houle est calme, un courant portant vers le nord d’un peu moins de 1 noeud facilitent la progression à la voile, nuit et jour, en gréant à l’avant le gennacker ou le yankee. Le bateau tire de grands bords vers le large au nord-ouest puis vers l’intèrieur du grand golfe de Guayaquil, et a désormais atteint les eaux de l’Equateur: la question qui se pose maintenant est de savoir quel pavillon mettre, celui de l’Equateur et du Guatemala se ressemblant très
fort.

Quelques petits bateaux de pêche se sont encore montrés ces 2 derniers jours ou nuits, certains s’approchant très près pour voir le bateau, toujours avec des éclairages inconnus en Europe ou en Amérique du Nord : un petit hunier porte des lampes clignotant rouge vert blanc, voire une seule lampe jaune. Nos lignes ne ramènent plus de poissons, et les oiseaux, si nombreux encore jusqu’aux îles Lobos, ont quasiment disparu du ciel et des vagues depuis les alentours de Païta

Position : 2°57′ S, 81°15′ W
Course : 55 °
Speed : 4,4 kt. vent SSW 9 kt, GV haute et gennacker

Destination : Salinas, Ecuador,

ETA : Salinas, Dimanche 19 janvier

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