
15 février 2021, Arrives à Cuba
Belle traversée du détroit du Yucatan au près bon plein par 15 kt du SSE, courants de 3 kt franchis sans difficulté, gros trafic de cargos pendant la nuit, vitesse 6,2 kt, en approche des côtes Sud Ouest de Cuba, 140 nM parcourrus en 24 heures.
Position à 8:15 (13:10 UTC) : 21°41.93 N 84°17.97 W

En mettant à profit le vent de sud sud est qui s’était installé pour quelques jours, il a été possible de naviguer au près bon plein, avec suffisemment de puissance et de vitesse pour contrer le courant de 3 à 4 noeuds qui porte vers le golfe du Mexique les eaux de la mer des caraïbes; une houle assez forte, heureusement dans le sens du vent, et des rafales, obligent à une vigilance constante, moyennant quoi le bateau est arrivé un peu à l’ouest de l’Ile de la Juventud, ou « ile de la Jeunesse » là ou les abysses s’interrompent brutalement pour monter en quelques miles des fonds de 2 à 5 m, derrière des rangées de brisants, dentelles blanches écumantes séparant les eaux bleu profond de la mer des caraïbes des eaux turquoises du plateau coralien : le Waterway guide de Cuba indique une passe dans lequel le bateau s’est enfilé avec bonheur pour se soustraire à la houle, et aller chercher un mouillage tranquille derrière un petit ilôt couvert de mangrove.
Position 16 fevrier
Après une escale à Cayos de San Felipe, et des pluies diluviennes pendant la nuit, en route pour l’île de la Juventud, vent de SE 15 kt.
Position à 8:00 (13:00 UTC) : 22° OO.48′ N 83°27.06 W
1014 hPa
Ancré à l’abri de l’île par 2 mètres de fonds, le bateau était bien protégé pour la nuit du vent du sud qui poussait devant lui des pluies orageuses diluviennes.
L’ancre a été levée à 6:30, juste avant le lever du jour, en route vers l’Est. Des traînées de pluies barrent en oblique les lueurs orange de l’aube, le ciel reste très plombé, les vestes de quart sont de sortie. Nous espérons atteindre ce soir un mouillage désert proche d’une passe vers la haute mer d’où il est possible d’atteindre l’objectif de la traversée : Cayo Largo, porte d’entrée officielle dans le pays. HG.

17 février, Repos, Langoustes et Chardonnay
En contournant Isla Juventud par le nord, ls profondeurs ne dépassent pas les 4 à 5 mètres, parfois moins dans les passes entre les ilots de mangrove qu’il vaut mieux franchir à vue, avec compas de relèvement et l’aide du radar et du sonar, afin de connaître les distances exactes, tant les cartes sont imprécises.
L’île de la Juventud a reçu ce nom dans les années 60 – 70, quand elle servait à accueillir des jeunes de nombreux pays, pour leur dispenser un enseignement. Les Européens la connaissent mieux sous le nom de « île au Trésor »: cette île entourée de hauts fonds et de récifs, mais située sur la berge de la mer des Caraïbes ou circulaient les richesses à destination de pays européens a longtemps été un repaire de pirates qui seuls en connaissaient les passes vers le large, tels Francis Drake ou Henry Morgane, et a inspiré son roman à Stevenson.
En passant devant la petite ville de Nueva Gerona au nord de la Juventud, un appel de la Guara Frontera sur canal 16 a permis de décliner l’identité du bateau et de son équipage, sa provenance et sa destination : une puissante installation radar permet de detecter tous mouvements aux alentours de Cuba, et ce d’autant plus que la Laureline est seule sur l’eau.
La Waterguide annonce des catamarans de touristes, des passes créées et entretenues pour leur faciliter le passage, des bateaux de plongeurs … rien de tout ça.
Pour se reposer la Laureline a jeté l’ancre à l’abri d’une anse arborée par fond de 4 mètres. Claude part vérifier l’ancre au masque, et là surprise ! le mouillage est tombé juste à côté d’une épave de 20 mètres de long couverte de gorgones, fréquentée par les poissons coraliens, poisson ange, poisson chirurgien, poisson scorpion etc, et surtout habitée dans les dalots, les cales, et le poste de timonerie par de grosses langoustes, dont deux ont fini en festin dans les assiettes accompagnées d’un Chardonnay du Chili…

Position le 17 à 9:00 (14:00 UTC) : 21° 53.48′ N 82°27.77 W
vent de SE 15 kt.

18 février, Cayo Largo del sur, entrée officielle à Cuba
Après une nuit calme passée à digérer les langoustes, la Laureline s’est engagée avec précaution dans la passe de Quintasol, dont les marquages semblent un peu abandonnés, et ou les fonds en principe dragués sont remontés jusque 1,40 m …
La journée suivante s’est passée au moteur face au vent et au courant qui balaye le golfe de Batabano, vers une autre passe, artificielle cette fois. Taillée dans la mangrove pour faciliter le traffic des catamarans à grande vitesse, elle offre aussi un petit espace est delimité par un ilôt de mangrove ou il est possible de jeter l’ancre, toujours dans la plus grande solitude, à l’abri du vent et de la houle.

Après une nuit au calme, le bateau est ressorti en mer pour progresser au près serré sur une quinzaine de milles avant e s’engager de nouveau sur le plateau de corail et entrer dans la Marina Marlin de Cayo Largo del Sur, porte d’entrée officielle de Cuba
19 fevrier, Cayo Largo del sur, amarrés dans la marina Marlin.
Cayo Largo est une île entièrement dédiée à l’accueil des touristes : on y trouve la 3eme plus belle plage du monde, d’après Trip Advisor, des bateaux pour amener les plongeurs sur les jardins de corail, des pontons pour les bateaux … mais tout ça est désert ou presque. Un catamaran allemand est installé là, un monocoque suisse est tout seul à l’ancre dans la playa de la Sirena, mouillage sublime ou l’eau bleu turquoise arrive au bord du sable blanc. Et la Laureline occupe à elle toute seule un ponton tout neuf.

L’accueil a été très profesionnel, et très sympathique, malgré la barrière imposée pour les autorités de la marina par le port d’une blouse à usage unique, de gants, de visières et des masques, le tout destiné à l’incinérateur. L’explication de la solitude est alors arrivée : toute activité de plongée est fermée au tourisme depuis 1 an à cause de la pandémie, les bateaux sont encore les bienvenus mais ils se sont fait rares, tout comme les retraités américains qui vennaient profiter de la belle plage sont restés chez eux.. Cuba nous apparait jusqu’ici sous un jour très inhabituel, mais nous avons la chance d’être accueillis, les visas donnent droit à un mois de séjour dans le pays, ou, nous dit-on, la pandémie est sous contrôle.
Interdiction formelle de débarquer jusqu’à ce qu’un test diagnostic nous permette de descendre sur le ponton et de circuler. Une infirmière est venue ce matin pour prélever les échantillons nécessaires au test PCR dont le résultat négatif nous a été délivré oralement au bout de 15 minutes. Voilà, « vous faites partie de la famille maintenant! » nous a dit Pirie, le responsable de la marina, en français s’il vous plait.

Cayo Largo est une île entièrement dédiée à l’accueil des touristes : on y trouve la 3eme plus belle plage du monde, d’après Trip Advisor, des bateaux pour amener les plongeurs sur les jardins de corail, des pontons pour les bateaux … mais tout ça est désert ou presque. Un catamaran allemand est installé là, un monocoque suisse est tout seul à l’ancre dans la playa de la Sirena, mouillage sublime ou l’eau bleu turquoise arrive au bord du sable blanc. Et la Laureline occupe à elle toute seule un ponton tout neuf.

L’accueil a été très profesionnel, et très sympathique, malgré la barrière imposée pour les autorités de la marina par le port d’une blouse à usage unique, de gants, de visières et des masques, le tout destiné à l’incinérateur. L’explication de la solitude est alors arrivée : toute activité de plongée est fermée au tourisme depuis 1 an à cause de la pandémie, les bateaux sont encore les bienvenus mais ils se sont fait rares, tout comme les retraités américains qui vennaient profiter de la belle plage sont restés chez eux.. Cuba nous apparait jusqu’ici sous un jour très inhabituel, mais nous avons la chance d’être accueillis, les visas donnent droit à un mois de séjour dans le pays, ou, nous dit-on, la pandémie est sous contrôle.
Interdiction formelle de débarquer jusqu’à ce qu’un test diagnostic nous permette de descendre sur le ponton et de circuler. Une infirmière est venue ce matin pour prélever les échantillons nécessaires au test PCR dont le résultat négatif nous a été délivré oralement au bout de 15 minutes. Voilà, « vous faites partie de la famille maintenant! » nous a dit Pirie, le responsable de la marina, en français s’il vous plait.

20 fevrier
Depuis deux ans les Cubains ont le droit d’accès privé à Internet, et de posséder un smartphone, auparavent c’était interdit. C’est pourquoi Pirie le capitaine demande un peu d’indulgence car pour eux tout est nouveau: C’est ce matin même que Sonia,la directrice générale, a réalisé la première transaction bancaire de la marina par ordinateur pour payer les tests Covid (30 $ par personne); Tout s’est bien passé; très fière, et arborant le reçu de la banque et son grand sourire elle a demandé à Pirie de nous prendre en photo autour d’elle pour immortaliser l’évènement.
Position le 20 février: 21°37.35′ N 81°33.82′ W
Vent 15 kt nord
Emmanuel, par satellite, relayé par Laureline
21 février, Plage de la sirène et pélican ptérodactyle
la position n’a pas changé : nous sommes toujours à notre ponton de Cayo Largo

Une promenade sur la plus belle plage du monde s’imposait : un vent du nord frais rendait très supportable l’éclat du soleil, la petite annexe a été équipée de son moteur, pour emprunter l’ancien passage dans la mangrove vers la baie de la Sirene, ou un unique voilier est à l’ancre. L’annexe attachée au bord de l’eau à un palétuvier, une progression par les herbes et la rive donne accès à une plage splendide, qui s’étale du nord au sud sur plusieurs kilomètres d’un sable coralien très fin, doux et blanc comme de la farine, bordé d’une mer turquoise.


Totalement déserte, à par quelques petits chevaliers gambettes ou sandpiper, occupés à picorer le sable des berges dans le ressac, en courant à petits pas rapides à la lisière des vagues, jusqu’à arriver pratiquement dans nos jambes avant de repérer notre présence.


Une paillote est là, avec des chaises longues empilées, mais personne. Un peu plus loin, des parasols solitaires sont alignés, en bois et feuilles de cocotiers, dont certains ont été basculés par le vent jusque dans les premières vagues.

Une bouée de signalisation a cassé la chaîne qui l’arrimait sur un écueil, et elle est venue s’échouer au bord de la plage, à l’envers.

Un peu plus loin vers le récif, un grand héron cendré pêche dans une lagune derrière la plage, des gravelots à collier, un pluvier argenté, la grande aigrette blanche, des aigrettes de récif au plumage sombre et aux yeux bleus, tandis que juché en haut d’une perche probablement destinée à recevoir un barnum, un grand balbuzard pêcheur scrute les alentours, puis déploie ses ailes immenses, dévoilant son ventre et ses pantalons blancs.









Délire à la Orson wells, scénario de monde perdu où parasols et bouées se retrouvent cul par dessus tête, un pélican vient jouer le rôle du ptérodactyle de service… Nous sommes 4 adolescents de 70 ans en moyenne, heureux d’être ensemble à gambader sur une plage de rêve, il est temps de prendre un bain avant la surchauffe.


De retour à notre bateau, des vautours moines tournoient dans le ciel, des sternes et un cormoran sont assis sur les pontons. Des barracudas immenses, convaincus d’être in-mangeables, se font nettoyer les ouïes par de petits poissons sous la terrasse sur pilotis de la taverne du pirate ou ils semblent attendre les déchets de cuisine.

L’heure est à l’attaque des moustiques, tous aux abris!
22 février, Navigation de nuit au large de la baie des cochons
Pirie a annoncé qu’un gros bateau était attendu cet après midi dans la zone de quarantaine ou la Laureline est restée installée depuis son arrivée, et il a demandé de migrer sur une autre place pour la suite du séjour.
Mais le vent d’Est a cessé de souffler cette nuit, il s’oriente même au sud pour quelques heures avant de faiblir à l’approche des terres en marais barométrique. Il est temps de reprendre la route. Les amarres seront larguées en milieu d’après midi pour franchir la passe vers les eaux bleu profond avec le soleil dans le dos, encore assez haut dans le ciel. Navigation de nuit donc, d’abord route plein Est, pour contourner une zone militaire interdite à l’approche de la baie des cochons, puis cap au nord-est sur Cienfuegos, ou l’arrivée est prévue de jour demain dans la matinée.

Cette petite ville est située au fond d’un lagon, dans une sorte de poche ouverte sur la mer par un canal étroit et un peu sinueux où il vaut mieux se repérer de visu, au compas de relèvement, ainsi qu’avec le radar qui donne des distances à la terre exactes, ce qui permet de rectifier les données erronées des cartes. L’erreur atteint jusqu’à 700 mètres, de quoi rater la passe…
23 février, Bien arrivés à Cienfuegos
Après une nuit de navigation, l’accueil au ponton par les autorités de la marina de Cienfuegos, Chef de port, médecin, directeur général, est chaleureux, ouvert, cordial, et serviable tout en restant professionnel, en surblouse, gants masque + visière.
Position le 23 février: 22°07.53’N 80°27.15’W

Au fond du lagon ou elle est lovée, la ville de Cienfuegos est totalement calme; pas un bruit de camion ni de voiture ou de moto. La chaleur monte dans l’air immobile, l’eau reflète les fumées rousses de la centrale electrique, les fumées noires des pétroliers vides à l’ancre dans le lagon, ou celles d’une cimenterie. On n’entend qu’un vague murmure lointain, comme le bruit d’un ressac au loin par beau temps, et le cri des mouettes qui n’ont pas tardé à repérer un nouvel arrivant.
Plusieurs pêcheurs étaient occupés ce matin avec des lignes dans l’entrée de la passe , juchés dans des embarcations improbables, caisses à savon rafistolées , étrave en tôle ondulée, sous un grand panneau « Cuba Socialista », certains refusant ostensiblement de répondre à notre salut, bras croisées et dos ronds dans leur embarcation. Sans doute considèrent-ils tous ces européens ou américains comme responsables du malheur qui leur arrive en plus de leur lot quotidien, une remarque déjà entendue au Guatemala.
Plusieurs catamarans-charters de location sont là qui occupent la plus grande partie de la marina, et devraient être en mer avec des clients. Un bateau habité par des français est là depuis 1 mois, ils vivent dans les caraïbes depuis 20 ans et ont passé tout le premier confinement au iles caïmans. Ils ont atteri là ensuite parce que Cuba reste l’une des dernières portes ouvertes des caraïbes aux navigateurs, alors que Martinique et Guadeloupe se sont fermées comme des bigorneaux. Tous les bateaux croisés se dirigent vers Rio Dulce, ceux qui remontent vers les Bahamas et l’Atlantique ne sont pas encore arrivés.
Un joli navire école allemand qui aurait du naviguer en Guageloupe se retrouve ici, faute d’avoir été accueilli, et attend à l’ancre dans la baie devant Cienfuegos depuis un bout de temps, en espérant que sa situation se dénoue.
Le voisin de ponton nous explique que, pour avoir des légumes, il faut aller au marché vers 8 heures du mat et faire la queue jusque 14H pour espérer pouvoir acheter quelquechose : le ravitaillement est toujoutrs difficile à Cuba en temps normal, c’est devenu le parcours du combattant. Il connait un chauffeur de taxi qui doit pouvoir nous procurer des légumes frais, délicieux à Cuba, car cultivés sans engrais ni pesticides, absents de l’ïle. Il n’y a aucun produit manufacturé: pas de conserves , de fromages…










24 février, Promenade dans Cienfuegos
Position inchangée, dans la marina de Cienfuegos: 22°07.53 N 80°27.15 W
Promenade en fin d’après midi hier pour, le plus gros de la chaleur passé, découvrir un peu cette ville construite au XIXeme siècle par des français qui voulaient y augmenter la population blanche avec des familles venues de Louisiane. Architecture généralement basse, néoclassique, avec un large emploi de colonnades blanches, les murs sont colorés, les avenues sont larges, et se croisent à angle droit avec les rues selon un plan rationnel, inspiré de la Nouvelle Orléans. Des barrières en fer forgé coulissent devant les portes qui sont ainsi protégées la nuit tout en restant ouvertes. Des statues à la gloire de la république et de ses fondateurs. Le parc José Marti, place superbe arborée avec la cathédrale Purissima Conception, le théâtre Tomas Terry, le palace du gourverneur, le collégio San Lorenzo, le superbe Muséo Provincial ou ont été exposées les dépouilles de révolutionnaires morts au combat. Sa beauté architecturale a valu à Cienfuegos d
‘être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005
Aussi le Palacio Azul et le Club Cienfuegos, jadis un club nautique très select, qui proposent aujourd’hui des sorties nautiques et de la restauration. Partout des petits restaurants, des bars, des rocking chairs dans l’ombre des entrées de maison … mais tout est fermé et silencieux, mis à part les pétarades de quelques voitures anciennes qui passent dans les rues. Des joggeurs, des passants masqués, pas d’attroupement, pas de musique, on se parle au travers des grilles fermées devant les portes ouvertes, une ambiance étrange de post cataclysme, on peut acheter une bière ou un sandwich à emporter dans la rue. Couvre-feu à 19 heures, mais plusieurs passants rappellent à l’ordre les attardés qui traînent encore à 18h15 pour regarder le coucher de soleil. Les règles sont très strictes et il convient de les appliquer à la lettre.
Les prix pratiqués par la marina sont proches des prix pratiqués par les marinas anglaises … mais pas les prestations. Faute d’oser entrer dans la douche de propreté douteuse proposée aux plaisanciers, Claude et Serge se douchent sur le ponton avec le tuyau d’arrosage.
On a trouvé des légumes frais, mais à un prix prohibitif qu’il aurait sans doute mieux valu négocier avant. Consolation : les Cubains ont vraiment besoin d’un sacré coup de main, et le prix payé doit être considéré comme une aide apportée..














25 février, La caverne d’Ali Baba
Retour en ville, cette fois en partant tôt le matin. Les rues sont beaucoup plus animées









26 février, Trinidad
Trinidad est un bijou architectural, un haut lieu du tourisme cubain. Après bien des hésitations, décision est prise d’aller y jeter un œil prudent.
L’épidémie progresse à Cuba comme ailleurs, les villes sont isolées les unes des autres. Plus de liaisons aériennes, presque plus de bus, les déplacements en taxi d’État sont possibles mais très réglementés. Un taxi officiel pour touristes , reconnaissable à sa couleur jaune à toit blanc est commandé qui se charge d’obtenir l’autorisation de transfert de Cienfuegos à Trinidad. Peu avant Trinidad, le taxi est arrêté à un barrage militaro-medical, organisé près d’une tente offerte par la Chine. Pas question de laisser passer le taxi et ses passagers sans réservation ferme pour la nuit. L’agence se charge de la réservation, le voyage continue.

Arrivés près du centre, au autre barrage gardé. Il faut continuer à pied. Le chauffeur descend, demande son chemin aux rares passants, et nous guide jusqu’à une casa particulares, dans une maison coloniale remarquablement entretenue.













27 février, cafe
Promenade en carriole avec un petit cheval pour un aperçu de la campagne au pied de la chaîne de montagnes au dessus de Trinidad
Les carrioles sont fabriquées avec des pièces récupérées sur de vieux camions. Suspensions, marche pied, tôles, voire tôle ondulée pour le fond de caisse, un banc de bois, un harnais bricolé…

L’objectif est de visiter une production de café, de miel, de canne à sucre. Ici . la canne n’est plus plantée pour la production de sucre, comme elle l’était du temps de la richesse de Trinidad, envolée à partir de la moitié du XIXeme siècle avec la chute des cours, les révoltes d’esclaves puis les guerres d’indépendance. Trinidad est alors sorties des circuits commerciaux, et des etapes de modernisation. Ce n’est qu’avec l’ouverture d’une voie ferrée que la ville a commence à se re-inserrer … pour se soulever avec les autres contre la dictature de Batista et participer à la révolution.
Aujourd’hui les plantations de canne sont utilisées comme fourrage pour les bêtes et sont récoltées tous les 3 mois quand les cannes sont encore souples.
La région est restée agricole, produisant des légumes, un peu de café, du miel, du bétail, des fruits tels les mangues, énormes ici, des bananes.



Aujourd’hui le train vient encore sur ses rails et ses ponts rouillés, uniquement pour transporter des touristes. Mais ces derniers ont disparu en mars 2020.

28 février Le “son” de Cuba
Position inchangée amarrés dans la marina de Cienfuegos :22°07.53’N 90°27.15’W
Emmanuel
Réveil ce matin dans le bateau, au son d’une rumba : à Trinidad, la visite du musée d’architecture avait été conclue par un passage par la boutique de souvenir, où une dame un peu revêche au début semblait plutôt attendre l’heure de la fermeture, à 13 heures. T shirt à l’éphigie du Che, mugs « Yo (coeur) Cuba), littérature inspirée des hauts faits de Fidel et du Che, y compris ses carnets de voyage à moto, au début de sa carrière politique, et sa vision de l’économie » …. un morceau de mur était dédié à la musique. On peut écouter un peu? là, la dame s’anime, mais prudente, elle met son poste en sourdine, et glisse avec précaution un CD dans le grille pain, pour un petit bout d’enregistrement qu’elle écoute en dodelinant de la tête. Vite, elle passe à autre chose, ses doigts impéccablement manucurés chargent un autre disque, ça c’est traditionnel à Trinidad, ses yeux brillent derrière son masque. Dans la rue, un garde avec une matraque surveille discrètement ces touristes incongrus, et glisse un oeil. Il semble que la musisque soit interdite, probablement parce qu’elle est motif à atroupement. Pas question d’entendre le « son » de Cuba. Retour dans la rue écrasée de soleil, avec une petite collection des 4 CD qu’elle a fait écouter. Quelques écoliers passent sur les pavés. Silence.
L’accueil dans la casa particular a été particulièrement chaleureux. A l’heure du départ, assis chacun dans un rocking chair ou fauteil en bois sculpté, dans la grand hall en front à rue dans cette maison familiale depuis le XVIII eme siècle, la conversation avec nos hôtes évoque pêle mêle l’histoire de Cuba, de Cristobal Colon, des premiers indiens (les Jagua) maintenant tous disparus, des Espagnols, de l’arrivée des africains, des bateaux, du chemin parcouru par la Laureline et celui qui lui reste à parcourir. Le taxi a pris du retard, encore cette fois lié à un arrêt au poste de contrôle où il a du produire ses autorisations et où on a téléphoné à sa maison mère pour vérification. En partant, le passage devant une boulangerie ouverte donne envie d’acheter un de ces jolis pains qui sortent de dessous le comptoir et passent dans les mains des clients. Mais c’est non. Il faut un ticket de rationnement pour pouvoir en acheter.
Il y a de la farine à bord, et c’est heureux. Ici, les gens manquent de tout, dans la rue on nous arrête pour demander du savon, du shampoing ou des stylos pour les enfants. Ce bref déplacement dans l’interieur du pays nous a donné un précieux aperçu de la vie de ses habitants, où se mélangent avec un grand sourire joie de vivre et résignation.

1er mars, Amarres larguées
Position le 1 mars: 22°07.53’N 80°27.15’W
Il est temps de partir, toutes les formalités sont faites, et le dock master est venu juste avant l’heure dite pour une dernière vérification, de la composition de l’équipage, et faire signer un engagement de ne pas aller dans les jardins de la reine, devenus parc national protégé. Nous ne pourrons jeter l’ancre que au premier groupe d’île, à l’entrée du parc, puis passer devant les jardins de corail au large et à la voile.
Le moteur est lancé, les amarres sont en double, on est parti
https://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g147270-d610963-Reviews-Jardines_De_La_Reina-Cuba.html



2 mars, Cayo Guayo
Position le 2 mars: 21°42.73’N 79°55.87W
Au mouillage sur le plateau continental, à l’abri de Cayo Guayo, une île couverte de mangrove, prêts à poursuivre au SE en approche des jardins de la reine (jardines de la reina)
La bouée de signalisation de la passe dans le corail située juste à l’Est de Trinidad a perdu sa super structure : il ne reste que le flotteur en métal peint en rouge qui dodeline au raz des brisants qu’on voit avant lui en venant du large. Le grand hotel Ancon et sa plage, aux pieds de Trinidad, sont déserts, et les moyens manquent pour entretenir les signalisations en mer
3 mars, Cayos Zaza de Fuera
Position le 3 mars : 21°25.06’N 79°32.48W
L’ancre a été descendue pour la nuit à l’abri de Cayos Zaza de Fuera, dans 2 m d’eau, sur du sable et des herbes à tortues. Un mouillage incontournable de la partie Sud de Cuba, d’autant que les voiliers n’ont plus le droit de poser leur ancre dans l’archipel des jardins de la reine. Le waterway guide annonce même que des pêcheurs sont susceptibles de venir proposer des langoustes à 5 CUC (5 dollars) pièce …. mais là encore, personne. Pas d’autre voilier, pas de pêcheurs, et pas de langoustes non plus. Faute d’épave où s’abriter, ou de cailloux pour se cacher, elles trainent leurs guêtres ailleurs, il faudra se contenter à bord d’un ragoût de « ce qu’il y a » (courge, poivrons, tomates, salade cuite, oignons, des bouts de jambons… on arrive encore à varier les menus).
La nature reprend ses droits. Un famille de pélicans est perchée dans un grand palétuvier, des frégates survolent les alentours, une grande aigrette immobile pêche au bord de la mangrove, de l’eau jusqu’en haut des pattes, le cou tendu vers l’eau. Pour autant, il n’y a pas de gros poissons, pas de dauphins, et personne pour mordre à la traîne derrière le bateau pendant la journée.
La nuit tombe vers 19 heures, le ciel étoilé n’est perturbé par aucune lumière. Des lueurs phosphorescentes et pulsatiles, probablement de petites méduses, évoluent dans l’eau.
Dans cette partie de Cuba, les cartes disponibles semblent bien callées par rapport à ce qui peut être observé, comme les bouées près de Trinidad. Le callage se mesure en superposant sur l’écran la carte et le dessin des îles en écho radar. Mais les dernières bouées qui, d’après les cartes, auraient du marquer la passe dans le corail appelée « canal de Tunas », étaient absentes toutes les deux. Pour circuler sur le plateau, il reste prudent de surveiller les fonds. Il y a très peu d’îles visibles, le plus souvent les écueils sont sous l’eau, voire à fleur d’eau, mais l’horizon reste dégagé et vide de tout repère. Là ce sont les deux echo sonar placés sous la coque à l’avant du bateau qui dessinent les fonds et guident le bateau dans les endroits critiques, ils sont précis jusque 50 mètres devant l’étrave, ce qui donne le temps à petite vitesse de rectifier la direction.


4 mars, lagon des cayos Cuervos
Position le 4 mars : 21°04.38’N 78°57,13W
Arrivée vers 15 heures après une journée au moteur sans vent ni vagues dans le lagon des cayos Cuervos. Ce lagon offre un abri sûr pour la nuit, vaste rade d’eau plate ouvert face à l’ouest et marqué d’une bouée verte plantée au bord d’une langue de sables. Les ruines d’un ancien ponton, piquets de fer plantés dans le corail, sont utilisées comme perchoirs par les sternes. Une épave achève de rouiller là, mais, vérification faite, pas de langoustes à bord, ni dans le corail alentour.
C’est en principe un mouillage fréquenté par les crevettiers et les plaisanciers. Un seul petit bateau est entré la nuit tombée, scintillant de lumières diverses, il est allé jeter l’ancre derrière le ponton, au ras de la mangrove. Une visite le matin en dinguy a permis de faire un peu connaissance et d’échanger des poissons de la famille des bonites contre une petite bouteille de rhum et de 3 cigarillos Monte Cristo : l’un des trois marins fête ses 50 ans!

Par la suite, la progression vers l’Est devra se faire par étapes plus longues, avec des nuits et des jours au dessus du bleu profond dans la houle, face aux vents dominants et aux courants. La météo promet encore pour 2 ou 3 jours de ce temps de marais barométrique, zones de haute et basse pression distantes les unes des autres, les vents hésitent et restent faibles, voire carrément orientés de l’ouest. C’est un moment à saisir.
Il faut bien profiter de ces derniers moments de « pain blanc », jour à naviguer, nuit à dormir à l’ancre. Nous avons tenté de compenser ce soir l’absence de fruits de notre régime par un dessert inédit : courge au citron vert flambée au rhum. Faire revenir les tranches de courge de 5 mm d’épaisseur dans du beurre, arroser de jus de 1 citron vert et ajouter le 1/4 du zeste, saupoudrer de sucre et laisser caraméliser en retournant les morceaux pendant qu’ils se compotent un peu. Flamber au rhum et servir arrosé de la sauce au citron vert.
ça devrait pouvoir s’adapter à une bonne rouge d’Etampes ou une bleue de Hongrie, peut être même à une courge butternut










5 mars, Lever de soleil au large de Cabo Cruz
Position en mer devant Cabo Cruz: 19°48.92’N 77°42.55’W
Six heures du matin, le soleil va bientôt se lever droit devant l’étrave, à babord une succession de falaises s’échelonnent en un dégradé de violet au mauve sur le ciel orangé, la lune gibbeuse est encore haut dans le ciel. Changement de quart. Celui qui se couche avale un petit déjeuner, l’autre prend possession des attributs du veilleur. Le compas de relèvement a relevé les balises du Cabo Cruz, richement éclairé : un phare scintillant tous les 5 crocodiles, des balises rouges et vertes pour jalonner les différentes passes d’accès au village de pêcheurs et plus loin à la ville de Manzanillo, ou nous n’iront pas non plus.
Les heures se sont égrénnées toute la nuit au ronron du moteur, le vent s’est progressivement tari dans la soirée d’hier. Le courant portant qui a généreusement accompagné la course du bateau devant les récifs coraliens est en train de s’essoufler alors que nous abordons la côte la plus orientales de Cuba. Dans le windward passage qui la sépare de Haïti s’enfile un courant de 1 noeud venu de l’Atlantique. En évoluant tout près des tombants rocheux de la côte, nous espérons bénéficier de contre-courants locaux, et envisageaons une étape dans un petit port sur la route de Santiago de Cuba.


6 mars, Marea del Portillo
mouillage cette nuit à 19°54.81’N 77°11.00’W, Marea del Portillo
Marea del portillo s’ouvre comme une boutonnière au bord de la montagne qui s’évase à cet endroit en pente douce vers la mer : sans doute le cratère d’un ancien volcan englouti et comblé de sables et de vase, le lagon est cerné par une mangrove basse au sud , côté mer, et adossé sur des pentes douces de montagnes côté nord. Des arbres, palétuviers et cocotiers dissimulent un petit village de pêcheur. Quelques barques en bois à rame sont alignées au bord de l’eau.
Après un parcours de plus de 140 milles, un peu de repos était bienvenu. L’ancre a été descendue par 4 m de fond dans une eau vert céladon opaque,dans un calme total : ni vent, ni vague, très peu de bruits venant de la petite communauté qui vit là, aboiements, chants de coq, voies humaines, cris d’enfants qui jouent dans l’eau. Aucun bruit de moteur ou de musique.
A l’ouest, un grand hôtel est accroché aux rochers avec vue imprenable sur le lagon. Deux « garda frontera » masqués en uniforme complet viennent à la rame voir le bateau sans y monter ni même s’y accrocher, relèvent son nom, sa nationalité et celle de son équipage, sa ville et son numero d’immatriculation, et précisent que la permission de rester n’est accordée que pour la nuit, départ demain matin au plus tard pour 8 heures, ils viendront s’en assurer dès 7h30, et qu’il est interdit de descendre à terre. Reposez vous un peu si vous voulez, mais passez votre chemin jusqu’à la prochaine marina.
Les pêcheurs locaux sortent la nuit au lampareau dans le lagon, ou le jour plus au large, toujours à la rame : en sortant ce matin vers 6 heures, la Laureline a croisé une barque qui revenait, avec 2 hommes à bord, une paire de rame et une voile carrée cousue avec des matériaux de fortune, pour profiter de l’aide apporté par un léger vent d’Est.



7 mars Chivirico
mouillage à Chivirico 19°58.16′ N, 76°24.07′ W
Chivirico est encore un ancien cratère accroché aux flancs de la montagne; les sommets alentours atteignent des altitudes de 1100 à 1500 m, mais les pentes sont encore plus raides sous l’eau. A 2 miles du bord les fonds sont abyssaux, entre 4 et 7000 m. Le lagon est assez petit, environ 150 m de diamètre, et s’ouvre dans le fond d’une lagune jalonnée de hauts fonds. La surface reste lisse encore aujourd’hui du fait de la quasi absence de vent, mais un coup de Norther est attendu lundi et mardi qui devrait secouer la mer des Caraïbes. L’entrée dans le lagon est délicate, les bouées de signalisation sont presque toutes absentes, à commencer par l’amer à terre qui est censée permettre de réaliser un alignement avec une autre située au ras de l’eau.
Les pêcheurs à pied ont planté des batons arrachés à la mangrove pour signaler les bords du haut fond sur lequel ils travaillent à pied dès avant le lever du jour et jusque tard dans la soirée.

Mouiller au milieu du lagon revient à camper sur la place du village. Un hôtel est planté en haut du cratère avec vue sur la mer et sur le lagon, un restaurant sympathique et désert est insatllé au ras de l’eau, des poules déambulent sous les parasol, une route passe sur la digue ou circulent des camions ou des carrioles attelées à un cheval. Des coqs s’égosillent tout autour derrère les palétuviers et les rangées de cocotiers, des chèvres, des moutons, un perroquet en cage quelquepart…et même de la musique cubaine, probablement enregistrée. Des pêcheurs passent dans des barques à rame ou équipées de petits moteurs de type Renault-Couach, qui pot-pot-pottent tranquillement au rythme régulier de leur bicylindre, vétuste mais bien entretennu. Le moindre son est amplifié par la configuration en amphithéâtre des parois du cratère et propagé par la surface de l’eau. Un petit camion sur la route resonne comme un avion en rase motte.
Comme à Marea del Portillo, les représentants locaux des guarda frontera sont venus relever l’identité du bateau, ses provenance et destination, et signifier l’interdiction de descendre à terre en raison du covid. Les pêcheurs portent le masque dans leur embarcation, et nous font signe en riant qu’ils aimeraient bien échanger leur embarcation contre la nôtre.
Santiago n’est plus qu’à à 30 miles vers l’est.








8 mars Santiago de Cuba, la marina
Amarrés au ponton de la marina de Santiago de Cuba : 19°58.97’N, 75°52.38’W
L’appel VHF au phare de El Morro est resté sans réponse de la part des autorités, mais assez rapidement, un appel a grésillé dans le poste venant de la Marina de Cuba, en français! le bateau a été suivi tout au long de son voyage, les vérifications de routine (nom, nationalité du bateau, de son équipage, sa provenance…) n’appelaient que des réponses connues. Seul voilier de la Marina, l’accueil réservé était comme d’habitude, professionnel et très aimable : un jeune médecin francophone, après avoir passé 4 ans en Algérie, et un guardia frontera, sont venus à bord en grande tenue de protection pour vérifier les passeports, les tests covid reçus à Cayo Largo Del Sur (ils savaient d’avance la date : 18 février), les carnets de vaccination internationale. Le médecin a visité le bateau sous un angle clairement sanitaire, un oeil sur la propreté de la cuisine et du frigo, un autre sur la propreté des sanitaires, soulevant même les planches de WC. Tout est en permanence tenu rigoureusement rangé et propre, en gardant en tête le risque permanent de tourista et de désordre dangereux dans le bateau si le vent se lève. Ainsi, même sur une visite au débotté, à peine arrivés de navigation, le médecin s’est montré très satisfait.
La baie de Santiago est belle, ouverte sur les caraïbes par une étroite ouverture gardée par le vieux fort espagnol de El Moro. De gros cargo sont amarrés dans le fond de la baie. La marina, assez proche de l’ouverture, a connu des jours meilleurs. L’allure des bâtiments est harmonieuse, gaiement colorée de blanc et bleu vif, mais un examen plus attentif de près en dévoile le manque d’entretien. Des ouragans ont ravagé les pontons de béton, le temps a rogné les plomberies des santitaires, la rouille corrode les bittes d’amarrage, le béton des pontons est rapeux. Toutes les amarres ont été doublées pour prévenir le risque de ragage. Une grande usine qui brûle des pneus et juste au vent de la marina, qui émet des fumées noires par une longue cheminée, mais les odeurs retombent sur les bateaux, sur l’île de pêcheurs au mileiu de la baie, même si l’essentiel du panache de fumées est envoyé sur la mer.
Très serviable, une équipe de 4 personnes était là de garde un dimanche après midi. Un taxi a été reservé ce matin pour nous laisser l’opportonité de visiter la ville, à 10 Km


9 mars, Santiago du Cuba, la ville
Position amarrés au ponton de la marina de Santiago : 19°58.97’N 75°52.38’W
Le taxi réservé par le dockmaster est un taxi officiel, carrosserie jaune avec bas de caisse à damier noir et jaune, toit blanc (autorisé à transporter des touristes), plaque d’immatriculation comportant un rectangle bleu avec l’indication « Cuba », immatriculation en noir sur fond blanc : le chauffeur précise tout ça car les contrefaçons sont fréquentes, qui ne peuvent réunir toutes ces caractéristiques sauf à s’exposer à des amendes sévères, voire à la perte de leur emploi : Beaucoup sont fonctionnaires et touchent un chômage minimal, mais précieux. Le taxi d’état se fait néanmoins payer en dollars, un tarif qu’il vaut mieux négocier à l’avance, et comme la ville est à 10 Km, il faut réfléchir au nombre d’aller et retours. Les dollars représentent la monnaie qui permet d’acheter des objets étrangers : machine à laver, smartphone, pièces de moteur…
Première préoccupation : trouver une banque pour prendre des pesos avec les cartes bleues. Le chauffeur pilote calmement dans le dédale des rues de Santiago, une ville très étendue, et sait ou trouver une agence ou la queue n’est pas trop longue, ce qui n’est clairement pas le cas dans le centre historique, à la banque centrale. Un petit agent de change installé près d’un grand hôtel méridien quasi vide peut fournir les pesos, mais pas le sourire. Deuxième préoccupation: se procurer des cartes permettant de se connecter au réseau wifi ETECSA. Ces cartes donnent en principe droit à 1 heure de connection, ce qui ne signifie pas 1 heure de communication. Le temps que se télécharge l’information convoitée ou la photo qu’on envoie, ou que sonne un téléphone avant que l’interlocuteur ne décroche, est compté, et le réseau est instable. Ces cartes sont vendues à un tarif imposé, mais pour les obtenir il faut faire la queue, entrer 1 par 1, donner son passeport, et le fonctionnaire tape sur un clavier d’ordinateur les infos de chaque client, et ça va doucement au rythme du réseau internet … qui bloque de temps en temps. Un dame sort alors sur le trottoir, annonce au public que le réseau est en panne. On attend. Ca repart. La porte s’entrouve: « Au suivant! ». Des gens continuent d’arriver en demandant « Ultimo? » : quel est le dernier avant eux? car l’avant dernier est probablement assis quelquepart sur un banc à surveiller celui qu’il suivait et ne revient s’inserer dans la file que quand sont tour approche. Manu et Claude ont attendu stoïquement pendant 2 heures 20, puis une panne s’est déclarée peu avant midi, juste avant la pause du déjeuner des fonctinnaires. Il restait un peu de temps pour circuler dans les alentours avant le rendez vous pris pour le retour avec le taxi. Une marche rapide dans les escaliers de la révolution permet de calmer un peu la frustration.
Les marchés au légumes réputés sont fermés, tous les étals vides. Quelques informations collectées dans la file, en espagnol et en français, langue pratiquée par nombre de personnes interressées par le contact avec cette population de voyageurs aux longs congés payés. On essaye d’entraîner le voyageur naïf dans une soit- disant coopérative ou on trouve des cigares et du rhum. Mensonge. Contrebande ou contrefaçon. Non
Un français échoué là avec une épouse cubaine donne l’explication de l’absence de légumes, ou même de toute denrée autre que de l’eau, de rhum, ou des couches pour bébé dans les magasins : toutes les villes sont bouclées, à cause du covid. Les paysans ne peuvent plus venir apporter leurs produits en camion. S’ils y parviennent, les vendre au marché au prix imposé et en payant des taxes est pour eux moins rentable que de les apporter en cariole à des gens qu’ils connaissent et qui vont les vendre derrière leur volets entrouverts. Pour le pain et les oeufs, tickets de rationnement. Pas de café. Les autochtones se débrouillent par troc, avec un réseau d’amis d’amis, ils survivent, les femmes restent coquettes, ils bavardent et rient, ralent quelquefois quand arrive midi et qu’ils savent qu’ils n’auront rien au bout de la queue qu’ils suivent depuis des heures. Les prix complètement dérégulés par l’obligatoire marché noir les appauvrissent encore, malgré une petite augmentation des salaires en novembre quand le CUC a été abandonné et remplacé par les pesos.
Bredouilles. Complètement. Contents de rentrer au bateau, au refuge, protégés de la rapacité de ces gens aux abois par les guarda frontera qui veillent à ce que les touristes ne soient pas trop molestés, ne pas tuer la poule aux oeufs d’or.
Tout près de la marina, alors que Manu négocie avec un jeune homme qui habite là la lessive en machine de quelques draps contre un tube de dentifrice et du savon de toilette, un minuscule cariole passe attelée à un ane contraint à marcher à petits pas par un harnais trop court sur l’arrière des jambes. Une dame et un adolescent sont assis sur le banc, et dans la cariole, des légumes. Ils acceptent de céder 2 bottes d’oignons tout frais et 1 livre de beaux poivrons pour 130 pesos.
A la marina, le dockmaster du jour nous cède des cartes ETECSA pour le double de leur prix. Reste à trouver une antenne…
J’ai pu envoyer quelques photos pour le blog hier, sur la fin de la carte entamée à Cienfuegos. Et heureusement qu’avec l’Iridium du bord, il reste possible d’écrire et recevoir des messages écrits. L’usage du téléphone satellite est strictement interdit à Cuba, nous respectons les régles







10 mars 36,2 le matin
Le vent reste contraire, la Laureline reste a quai en attendant la météo favorable. Le personnel de la marina est renouvellé toutes les 24 heures, et nombreux sont les pretextes pour venir au bateau. Besoin d’un peu de WD40, d’un morceau de fil d’étain pour faire une soudure, d’un gonfleur pour des pare-battages ? allez voir le français! un autre français veut vous parler, vous acceptez de le recevoir? oui! la porte d’accès à l’escalier qui permet de descendre vers les bureaux et de là aux quais est décadenassée, le visiteur obtient le droit de passer pour 1/4 d’heure. Un touriste français confiné là où il fait plus chaud qu’à St Etienne où il habite a appris la présence de la Laureline et vient pour le plaisir de bavarder…
Il y a aussi les visites réglementaires : tous les jours, un médecin vient contrôler la température de tout l’équipage, avec un petit thermomètre qu’il porte à 20 cm de son sujet. 36,2 le matin, jusque 36,7 hier pour Manu qui a un peu trop pris le soleil, nue tête et sans lunettes de soleil, dans les 2h30 de queue devant la porte de Etecsa. Cure de bouillon de poule, lyophilisé bien sûr, il y a belle lurette que nous n’avons vu passer une poule vivante.
Un Ketch nornégien en provenance de St Domingue est arrivé hier, qui est resté à l’ancre, probablement en quarantaine car il arbore toujors son drapeau jaune « Q » comme Quebec. Probablement en route vers le Mexique, le Guatemala ou Panama, comme tout le mode sauf nous

Hier le bateau sentait la boulangerie, le stock de pain industriel est épuisé, nous reprennons la préparation du pain à bord, et entamons la réserve de légumes secs. Le temps, sinon la météo, est avec nous.
11 mars Langoustes au restaurant
Position inchangée amarrés dans la marina de Santiago: 19°58.97’N 75°52.37’W
Ciel tourmenté, sombre, de gros nuages cotoient un voile de brumes sales, les fumées toxiques de l’usine tournoient vers l’Est puis reviennent arroser les pontons. Nouveau gros nettoyage du pont à la brosse et au liquide vaisselle pour décrocher les suies grasses. Les responsables de garde à la marina se sont donné le mot, Où trouver 4 piles AAA pour la télécommande de leur télé ? C’est comme le dentifrice, le café en poudre, de l’étain pour souder, le WD40, c’est chaque fois l’occasion d’un grand sourire reconnaissant.
Le gars qui habite à côté de la marina, l’homme à la machine à laver en échange de dentifrice, a un copain restaurateur dans la petite île de Granma, au milieu de la baie. Il faut engager un bateau pour la traversée. Les coups de téléphone s’échangent, la visite au restaurateur est organisée à midi. Une jolie maison, avec une terrasse ombragée et décorée de peintures pimpantes au bord de l’eau. De belles barques robustes, repeintes, dont celle du passeur, équipée d’un moteur de voiture récupéré et qui dépote. Comme partout, de petits chiens faméliques et galeux , de rares chats encore plus misérables. Quelques rares enfants se partagent un unique vélo trop petit pour eux pour jouer sur la grève.
Le restaurateur nous explique qu’il a le droit de recevoir 4 clients à la fois. Qu’il a des langoustes et du poisson. Que depuis 1 an les affaires vont très mal . C’est cher, mais tant pis, de toute façon il faut attendre l’accalmie pour pouvoir partir.
La douanière demande à fouiller les sacs à dos, pour s’assurer de l’absence d’objets qu’on puisse troquer. Et vérifie au retour que les objets emportés sont bien revenus. Elle est au demeurant très mignonne.
—






12 mars Olivia & Bridie
amarrés au ponton de la maina de Santiago : 19°58.97’N 75°52.38’W
La météo laisse entrevoir une accalmie dimanche, même sans changement de direction, le vent semble vouloir laisser passer vers l’ouest dans le Windward Passage, celui qui a fait reculer Christphe Colomb.
A la marina, deux jeunes équipières du bateau norvégien arrivé recemment de Saint Domingue sont venues dire bonjour et bavarder un peu.

Olivia et Bridie ont validé à Bordeaux et en Angleterre un mastèr d’océanographie, et se sont en outre entrainées sur des voiliers dans le Solent avec une école de voile anglaise , une branche du yachtmaster à Coves, et une fois qualifiées, elles se sont engagées comme équipières sur un bateau qui a traversé l’Atlantique, jusque Grenade, ou elles ont reçu un accueil hostile parce qu’elles sont blanches. Elles y ont trouvé un autre embarquement sur India, un superbe ketch qui envisage de faire le tour de cuba par le sud jusque la Havanne ou elles quitteront le bord pour rentrer à Madrid, tandis que India envisage un retour par le Mississipi, les grands lacs, le Saint Laurent si le Canada le permet, ou New York : le bateau sera démâté à la Nouvelle Orléans et fera route au moteur dans l’intèrieur des terres. Pleines de
projets, elles ne semblent avoir peur de rien.
Rendez vous est pris ce matin pour le PCR obligatoire pour arriver aux Bahamas.
13 mars
Amarrés dans la marina de Santiago: 19°58.97’N 75°52.38’W
En préparatifs de départ prévu demain à 7 heures
Amarrés au ponton marina de Santiago, prêts au départ pour les Bahamas, un voyage de deux jours.
14 mars Adieu Cuba
Le guarde frontière avait fixé l’heure de rendez-vous d’avant le départ à 6 heures du matin, soit 1 heure avant l’heure de départ décidée par le capitaine. Il fallait être là tous les quatre avec les passeports et les visas. C’est avec un petit sourire qu’il nous a accueillis à l’heure dite, il faisait encore nuit : en effet, à Cuba l’heure d’été arrive ce dimanche, et 6 heure du mat correspond à 5 heure en heure d’hiver. Il s’était bien gardé de nous prévenir et s’attendait à un retard, qui a été évité grâce aux téléphones réglés sur l’heure locale. Il a pris avec sa webcam une photo de chaque membre d’équipage, pour pouvoir prouver à sa hiérarchie que ceux qui sont partis étaient bien les mêmes que ceux qui sont arrivés le 18 février, a repris les visas, et nous a remis avec le sourire les résultats de nos tests PCR négatifs, imprimés sur un superbe dessin en filigrane géant et en couleurs.
Adieu Cuba! Nous quittons sans regrets les vapeurs toxiques de la raffinerie de pétrole vénézuélien, mais gardons au coeur l’émotion ressentie pour les cubains et la situation difficile dans laquelle ils sont plongés à cause du covid.
