21 février: le cap Tamar et la dame de fer
l’entrée étroite de Teotika au moment du mouillage le soir, et au petit matin, à l’heure de partir
Vent du Sud-Ouest, une chance rare pour sortir du Magellan en franchissant le cap Tamar, même si les prévisions locales recueillies par Marcel Oliver annoncent sur l’île des Evangelistes « WIND 30/40 kt, GUSTS 60 kt, SEA 5/6m », car nous serons au portant, ça devrait passer.
Avec Marc et Arnaud nous préparons tout la veille, ranger le pont, tout arrimer, trinquette à poste prête à hisser, derniers réglages de prise de ris en installant dans la chute de GV des anneaux à faible friction pour plus de rapidité lorsqu’il s’agit de réduire la toile. Lever 5h30, départ 5h45, il fait nuit noire, mais c’est mieux de sortir de
nuit que d’arriver tard ce soir, nous suivons aveuglément sur l’écran du Navnet la trace de la veille en slalomant entre les îlots de la Caleta Notch sans les voir ou à peine.
Au début le courant du Magellan nous freine, nous craignons de ne pas arriver à temps, mais petit à petit sous GV 2 ris et Yankee 2 barres nous gagnons en vitesse par vent de travers, le vent préféré de La Laureline. Les compteurs affichent jusqu’à 11,5 kt sur l’eau et 9 kt sur le fond. Le cap est franchi, nous entrons dans le fond de Teokita par un boyau étroit et sinueux encaissé entre de petites falaises de rochers qui conduit
entre les petites îles à un port naturel entouré de forêt, sur une eau calme silencieuse et sans vent, où un couple de brassemers cendrés nous fait le comité d’accueil. Le paradis ! Il est 18h30, nous ne pouvions pas espérer meilleur timing.
« Iron Lady » nous a dépassé dans l’après midi, ils sont amarrés dans une anse voisine, ils arrivent en dinghy, nous les invitons à partager un verre de Carmenere dans notre petit bateau à voile bien modeste à côté de leur Trawler en aluminium de 78 pieds. Fabriqué en Nouvelle-Zélande, immatriculé à Guernesey, Deborah est la propriétaire, Lane et Suzy les invités, James le baby sitter du bateau. Ils reviennent d’Antarctique et se dirigent aussi vers Puerto Montt. Nous nous reverrons !
20 février : Vers l’Ouest sur la couche limite
Position: 53°22′ S, 73°01′ W, 990 hPa.
Nous poursuivons la remontée du détroit de Magellan vers son embouchure Ouest, ou se trouve le Phare des Iles des Evangélistes (Islote Evangelistas , ou Phare Pacheco)*, car aujourd’hui le vent est au Sud Ouest, ce qui est exceptionnel : il nous permettra peut-être de franchir le cap Tamar pour embouquer le Canal Smyth.
Pour réduire l’effet du courant contraire dans le détroit, nous naviguons sur « la couche limite » c’est à dire près de la côte, sur la ligne de sonde des 20 m; par rapport à
la navigation au milieu du détroit, nous gagnons 1 Kn. C’est comme le flux sanguin dans une artère, et Marc précise que c’est la même loi pour l’écoulement de l’air sur les ailes d’avion, ou l’écoulement de l’eau sur la peau des dauphins.
*L’embouchure Est a été baptisée par Magellan du nom de « Cap des onze mille vierges » en référence à la Sainte Ursule fêtée ce jour là.
19 février : la baie des sardines
position: 53°37′ S, 72°12′ W, 994 hPa, vent 25 kt W rafales 35, vitesse 5,5 kn, au près serré dans le détroit de Magellan.
Navigation au près serré dans les canaux de Patagonie: un vrai défi! à chaque virement de bord, tous les 25 à 30 minutes, il faut veiller à retendre la bastaque pour renforcer le mât quand le bateau est sous trinquette, et renvoyer ou reprendre les ris 3 et parfois 2 pour maintenir la puissance ou au contraire éviter de giter trop fort
Emmanuel : » Après le canal Cockburn, nous sommes entrés dans le seno Duntze au milieu des dauphins, otaries très joueuses, pétrels géants et albatros, Arnaud a filmé avec sa go-pro une baleine à bosse venue tout près du bateau. »
Canards vapeurs surpris par l’arrivée du bateau dans le courant
paysages du canal Acwalisman
« Par chance, lorsque nous sommes arrivés au début du canal Acwalisman entre l’île Clarance et l’île Capitan Aracena, le courant de marée était dans le bon sens, ce qui nous a amenés assez vite dans le détroit de Magellan et nous a permis d’aller mouiller dans la fameuse baie des sardines, appelée ainsi par Magellan en raison de l’abondance de poissons, en fait de délicieux roballos, dont le goût rappelle celui du bar. »
Et nous en rêve on imaginait la Trinidad et la Victoria au mouillage à côté de la Laureline.
baleines dans le paso Ingles, à l’approche de l’île Carlos III
cormoran à l’entré de Bahia Mussel, devant le paso Ingles
18 février : au grand largue dans le canal Cockburn,
Emmanuel : » Position: 54°27′ S, 72°01′ W, 1002 hPa, 8vent 31 kt W, au grand largue dans le canal Cockburn, houle 1,5 à 2m, vitesse 7,5 kt.
photo Emmanuel, dans le canal Cockburn 2018
Hier matin, nous avons encore attendu que le vent se calme pour sortir de notre abri vers 9 heures en tirant des bords par 30 kt d’ouest dans le canal Ballenero. Nous avons bien avancé ensuite dans les canaux par 25 kn d’W au près avec appui moteur. Floris et Ivar sur Lucipara2 sont partis en même temps que nous, ils ce sont arrêtés à Caleta Macias. Yaghan, le joli cargo rouge et jaune mixte, passagers et fret, qui fait la liaison entre Puerto Williams et Punta Arenas, nous a doublé en prenant des raccourcis entre les écueils les brisants et les rochers, à faire peur, il doit connaître ! Dorothéa III et Iron Lady, des trowlers de luxe de 30 m, nous ont aussi dépassé, ils étaient amarrés depuis longtemps dans la Caleta Bercknok quand nous sommes arrivés vers 20h30. Après échange par VHF, James de Iron Lady est venu à notre rencontre avec son zodiac de 70 CV, pour nous aider à nous amarrer à couple dans le petit renfoncement entre les rochers. Partis de Nouvelle Zélande, ils reviennent d’Antarctique et se rendent comme nous à Puerto Montt.
à couple avec Iron Lady
Formant un bassin circulaire de 800 m de diamètre ouvert aux canaux par une entrée étroite, La caleta Brecknock est parfaitement protégée par des reliefs arrondis gris clair de 500m d’altitude, qui retiennent des lacs dont l’écoulement se déverse en belles cascades dans le cirque.
photos Hélène 2018 : le chenal d’arrivée entre les roches, le renfoncement propice au mouillage éventuellement collectif, , et vue sur le bassin circulaire
La végétation, les mousses et les cohiués parviennent à s’accrocher dans la roche. Les dauphins, cormorans, canards vapeur, albatros, sternes, chimango, caracara, et majestueux condors cohabitent, ils sont chez eux. Un spectacle à couper le souffle ! »
baleines à bosse dans le canal brecknock
des otaries font le spectacle dans le canal Brecnock