Le chauffeur habitué à gravir la route de terre battue mène les quatre roues motrices entre les ornières creusées par les pluies et le petit camion grimpe en cahotant jusqu’au village q’qechi Seacacar, situé au Nord du lac Izabal, à peu près à mi parcours entre El Releno-Rio Dulce et El Estor.

Il se gare près d’un hôtel en construction, suspendu au bord du torrent et nous sommes accueillis par un jeune homme qui nous explique en q’qechi, un dialecte maya, ce qu’est ce village et ce que cherchent à développer ses habitants. Le guide de Authentic Guatemala traduit en espagnol.

Il s’agit d’une communauté et ils veulent développer le tourisme pour créer des revenus tout en protégeant la nature et leurs traditions, créer une école. La communauté Seacacar tient son nom du poisson qui vit dans la rivière qui le traverse, et veut dire en q’qechi « poisson au nez de cochon «


La communauté est en train de créer depuis un an une nouvelle animation pour attirer les touristes, mais la pandémie a bloqué leur initiative en éloignant les touristes. Reste à savoir de quoi il s’agit. Pas sûr que le guide ait tout compris… son q’qechi est un peu rouillé



Il faut marcher environ 2 Km, et les mains du jeune homme paillonnent vers le ciel. Il y en aura pour environ 3 heures. Ah??! Les explications sont un peu compliquées et il apparaît progressivement que leur objectif n’est pas seulement de faire découvrir leur rivière par un sentier qui la domine, mais aussi de redescendre non pas par la route, mais par la rivière elle même.
Pas question de se mettre en maillot de bains pour grimper dans le sentier abrupt qui gravit la paroie du cañon, ni d’emmener nos téléphones et appareils photos ou nos sous dans l’eau. Personne n’a emmené de sacs étanches…il faut confier toutes les affaires sensibles avec les sacs à dos déjà trempés de pluie, au chauffeur qui redescend avec le camion, avec Claude, dont les vêtements de coton se prêtent mal à l’exercice. Il est donc redescendu avec le chauffeur et le petit camion 4×4, ce qui lui a valu bien des émotions : entre temps, les averses avaient redoublé, et la piste gorgée d’eau était devenue franchement glissante.
C’est donc chaussés de slicks , dock side où tongs bien glissantes, et vêtus d’un t-shirt et d’un short ou d’un pantalon qu’il faut s’engager dans le sentier. Seul Claude a gardé son téléphone portable, ainsi que le guide de l’agence de voyage, qui doit rendre compte à son employeur de cette nouvelle excursion qu’il découvre en même temps que nous.
Un jeune maya souriant montre le chemin. Des marches ont été cimentées , ou pas, et alors la glaise est bien glissante et le précipice guette. Une passerelle en bois accrochée à la paroie rocheuse est constellée de crottes de singes qui viennent ici pour les fruits zapotas qu’ils affectionnent. Le jeune guide explique que c’est aussi un bel endroit pour mourir. Les vieux singes viennent là pour leur dernière contemplation du torrent qui gronde en bas.
Pour ajouter au mystère du lieu, le jeune maya montre une grotte qui sert à une cérémonie religieuse pour célébrer le « lait » d’un gommier local qui produit une sève au parfum d’encens.

La grotte se prolonge en montant vers une chambre obscure tapissée de petits cailloux ou de noyaux qui roulent sous nos pieds et nos mains, la progression à 4 pattes s’avérant à ce stade plus prudente. Au plafond, des chauves souris sont surprises par l’arrivée de ces étranges quadrupèdes et tournoient en grand nombre dans la lumière d’un écran de smartphone.

La progression reprend vers le haut, dure pour les genoux arthrosiques. C’est encore loin? non..il y en a encore pour longtemps ?ça dépend de la vitesse des marcheurs. C’est pour allez voir la vue la haut !
Deux kiosques en bois suspendus au-dessus du vide ont été construits qui permettent effectivement de contempler le lac et les champs tout en bas, petites parcelles travaillées à la main. Force est d’admirer le travail accompli pour aménager ce sentier de chèvre avec du ciment amené à dos d’homme, et pour construire ces abris ouverts sur le vide.





Nous redescendons vers un embranchement ou avaient été déposés nos chambres à air, et de descendre un raidillon pour accéder au fleuve. Deux jeunes mayas accompagnent l’installation des gringos tout habillés, chacun dans son pneu sur l’eau verte, et de là , c’est le courant rapide entre deux paroies fabuleuses, hautes comme les flancs d’une cathédrale , lissées par des millénaires de crues.
Fort heureusement, Julie a pensé à emmener une go pro!







Deux petits rapides à franchir dans l’hilarité générale. Des arbres réussissent à s’accrocher dans les paroies d’où s’écoulent de longues draperies de lichens



Felicitations à Hélene dont j’adore le texte et les photos.Merci de nous faire vivre ce voyage.
Salut amical en particulier à Emmanuel et Claude ( jen’ai pas l’honneur de connaitre les autres …)
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Intrépides marins d’eaux douces. Nous vivons vos exploits confortablement installés devant l’écran. Photos et commentaires nous passionnent. Merci.
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