Emmanuel : « La crique dans laquelle nous sommes mouillés est un port naturel de 200m x 200 dans laquelle on entre par un goulet étroit. Elle est entourée de collines de 50 m de haut joliment boisée de cohihués, de mousses et de calafate.
Nous sommes aux pieds des Andes que les dépressions successives venues de l’ouest doivent contourner par le sud. D’habitude les fenêtres entre deux depressions durent 48 heures ce qui laisse le temps d’avancer d’un abri à l’autre. Or ces derniers jours l’espace n’est que de 12 heures, pas assez pour franchir au près contre le vent Brecknock distant pourtant de seulement 50 milles. Nous attendons depuis 5 jours la fenêtre idéale. Elle devrait enfin se présenter dimanche. Mais d’ici là nous arrive de l’ouest le pire des coups de vent: 45 kt sur les grib, rafales à 60 kt, sans compter les williwaws.
Les williwaws sont un effet de site particulier aux côtes Patagoniennes du Chili. Ils se forment lorsque les vents violents d’ouest arrivent sur les reliefs de l’archipel Chilien, en créant dans les criques des mouvements tournants de force et de vitesse très élevés, et en levant des tourbillons d’eau ou de neige fondue qui peuvent masquer la côte. La durée du phénomène est de 8 à 10 secondes, rarement une minute, les rafales peuvent dépasser la vitesse de 100 kt.
Et donc la matinée a été passée à préparer le bateau au pire. Tout a été rangé sur le pont et solidement amarré, les amarres à terre ont été renforcées. Pour limiter le fardage, nous avons descendu le Yankee, et l’avons plié sur le pont et emballé avec des rabans comme un roti d’aloyau, que nous avons solidement attaché au balcon.
La baston arrive ce soir à 18h. »
Photo Hélène, Isla del Medio, 2018 : entrés dans la crique
Faites bien le dos rond, ça ira mieux demain. Bon courage et bon vent pour votre remontée du canal Brecknock, demain vous aurez un créneau favorable j’en suis sûr…
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